Philosophie

Pensée critique : se libérer des dogmes ?

Finalement, alors que le projet des Lumières était de se libérer des dogmes, il semblerait que leur héritage en ait instauré de nouveaux.

/2020/08/Ajouter un titre(3)

Voir l'article précédent ici.


Notre système de production devient intolérable, notre obsession du progrès, injustifiable. Le prix symbolique et sensible de ce dernier est lourd. En tant qu'épuisement de notre esthésie(1), nous souscrivons aux pensées critiques de la modernité lorsqu’elles reprennent leur lamento sur l'affaiblissement inéluctable du sentiment du monde et de la vie à mesure du progrès de la connaissance et de la répétition de nos expériences.

« Tout fonctionne et le fonctionnement nous pousse toujours plus loin vers plus de fonctionnement, et la technique déchire les gens et les arrache de plus en plus à leur terre. Nos conditions de vie sont devenues purement techniques. Ce n'est plus une terre sur laquelle l'Homme vit aujourd'hui »(2).

Concernant le progrès donc – principalement assimilé de nos jours au progrès technique avec notamment l’avènement du numérique – il est inévitable d’en changer la conception. Afin qu’il ne repose pas uniquement sur des critères économiques soumis à des ratios de R&D, il doit se fonder sur de nouveaux critères de reconnaissance sociale. C’est à travers ces nouveaux critères, à inventer ou réinventer, que nous pouvons éviter de succomber à la fuite en avant. L’humanité doit retrouver une forme d’humilité face à ce progrès, puisque s’en remettre uniquement à lui revient à transférer à une force abstraite et impersonnelle des responsabilités qui sont, d’abord, personnelles. Le progrès à venir, en s’associant au bonheur et à la réalisation de soi, devrait retrouver une certaine mesure.

En retrouvant une forme d’humilité face à nos capacités et aux objectifs que nous souhaitons atteindre, cessons d’assujettir la nature à nos volontés, sous peine de nous autodétruire dans une interminable consommation de nature. En reconsidérant cette dernière comme un ensemble vivant – et non plus comme une ressource – nous pouvons réintégrer le progrès dans le temps...

Vous aimerez aussi