Vous avez dit « irréductibles Gaulois ? »
RÉCIT. Cet été, Front populaire propose à ses lecteurs de partager un souvenir, un voyage, un morceau de France. À l’occasion des 600 ans de sa maîtrise, l’une des plus anciennes de France, Saint-Brieuc a rouvert les portes de sa cathédrale début juillet. Récit de ce moment unique.
Si vous ouvrez un album d’Astérix, la première chose qui vous est fournie est la carte de la Gaule avec une loupe situant quelque part sur les côtes de l’Armorique quelques huttes signifiant les villages de Babaorum, Petitbonum, Aquarium et Laudanum, cernant le fameux petit village des irréductibles Gaulois, irréductibles à l’Empire et à sa marche forcée, irréductibles au progrès de la romanisation. Et pourtant, deux mille ans plus tard…
Ils sont deux cents, venus de tous les horizons bretons, et même de Nantes, ils convergent vers le centre de cette loupe — ou à peu près —, ils célèbrent la renaissance d’un symbole du Bien, d’un phare, de la lumière de cette lampe que le moine Brieuc a allumée ici avec ses frères irlandais au Ve siècle, selon le mot de l’écrivain Louis Guilloux. Il aimait faire des stations dans cette cathédrale, alors sombre vaisseau de pierre, en peu de choses comparables avec ses semblables de Rennes ou de Saint-Malo. En effet, la ville est restée pauvre, le bâtiment un ajustement un peu hétéroclite, mais en ce dimanche estival les voûtes de granit breton, « pierres arrachées à la terre bretonne » s’illuminent, toutes parées d’ocre, après des années de réhabilitation. Et quand par les vitraux entrent les rayons du soleil, c’est le vaisseau tout entier qui vibre.
Ils sont deux cent à chanter ce « refuge des pécheurs, porte de liberté, porte de charité et porte du salut », maison de Dieu, maison du peuple, asile, « pierres qui chantent ». En ce dimanche estival, enfin, après quatre années de silence, le Cavaillé-Coll ronronne avec la douceur enveloppante qui me manquait lorsqu’il entonne les quelques mesures du prélude à « cantate domino canticum novum », chantez au Seigneur un chant nouveau, la cantate composé pour l’occasion.
Ils sont deux cents, chacun d’eux n’a pas...