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Concessionnaires d’autoroutes : les fermiers-généraux des temps modernes (partie 2)

CONTRIBUTION/OPINION. Qu’il s’agisse de la fixation des prix, du montant des profits ou de l’organisation bancale des services de l’État chargés du suivi du secteur, la gestion des contrats de concessionnaires d’autoroutes est un raté sur toute la ligne. Première partie à lire ici

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Deuxième point important du rapport IGF-CGEDD : les sociétés d’autoroutes dégagent une rentabilité sensiblement supérieure à ce qui était attendu au moment de la privatisation. Le taux de rendement attendu (TRI) en 2006 sur l’ensemble des fonds (capitaux propres et capitaux empruntés) était de 6,3 % ; or la rentabilité mesurée par les rapporteurs est de 7,8 % pour le groupe Autoroutes du sud de la France (ASF), 8,7 % pour Autoroutes-Paris-Rhin-Rhône (APRR), et 8,0 % pour le groupe Sanef-SAPN — ce dernier groupe gère notamment les autoroutes A1 (Paris-Lille), A4 (Paris-Strasbourg) et A13 (Paris-Normandie). Cette rentabilité supérieure à ce qui était attendu s’explique en grande partie par la baisse des taux d’intérêt intervenue depuis 2006 qui, il faut le reconnaître, n’était pas aisée à prévoir.

Mais surtout, l’écart entre la rentabilité prévue et la rentabilité constatée est encore plus important pour la rentabilité mesurée sur les seuls fonds propres : 11,8 % de rentabilité pour ASF et 12,5 % pour APRR (et « seulement » 7,7 % pour Sanef-SAPN), alors que la rentabilité attendue en 2006 était de 7,7 % ! Il faut dire que ces sociétés autoroutières ont mis à profit la baisse des taux d’intérêt pour emprunter davantage et faire ainsi jouer ce qu’on appelle « l’effet de levier » et obtenir par ce biais une rentabilité plus élevée sur leurs fonds propres. Au passage, on observera qu’avec des taux de rentabilité sur leurs capitaux propres de l’ordre de 12 %, les sociétés autoroutières ne sont plus très éloignées de la cible de 15 % qu’exigent habituellement les fonds de pension américains pour investir dans un projet…


L’État s’est lié les mains avec des contrats de longue durée


Bien entendu, le TRI sur les seuls fonds propres ne peut être supérieur au TRI sur l’ensemble des capitaux mobilisés (fonds propres + capitaux empruntés) que...

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