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Le désengagement et la démotivation des salariés, une menace pour notre économie

CONTRIBUTION / ANALYSE. L'entreprise telle que le XXe et le début du XXIe siècles l'ont connue est-elle en voie de disparition ? Pour l'économiste Philippe Murer, qui poursuit ici l'analyse entamée lors de son précédent article, les raisons de s'inquiéter ne manquent pas.

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© MOURAD ALLILI/SIPA


Des phénomènes étranges secouent les entreprises françaises aujourd’hui. Celles-ci sont évidemment diverses puisqu’elles sont dirigées par des personnalités diverses. Ce qui sera dit sur les entreprises relève de généralités et non de cas particuliers. Je souhaite que personne ne se sente attaqué par cet article parfois éloigné du langage politiquement correct.

La première chose à noter est la baisse jamais vue de la productivité du travail dans les entreprises françaises. Depuis 2019, la productivité par tête, le PIB divisé par le nombre de salariés, a baissé de 4%. Comme on le voit sur le graphique, c’est du jamais vu en France hormis pendant de courtes durées, lors de violentes récessions.


Ce phénomène de baisse ou d’arrêt de la hausse de la productivité existe à des degrés moindres dans d’autres grands pays européens.


Absentéisme, turnover, baisse du niveau de vie, ubérisation


L’absentéisme monte en flèche dans les entreprises françaises et les entreprises subissent un turnover, c'est-à-dire une rotation des salariés, de plus en plus élevée : il est passé en 10 ans de 13% à 19% des salariés chaque année. En outre, le pouvoir d’achat des salariés s’effrite depuis longtemps – les revendications des Gilets jaunes de 2018 sont là pour en témoigner. Ce phénomène a subi une brusque accélération avec la poussée d’inflation des deux dernières années. Pire, les salariés français sont sur la voie de la smicardisation. Nous sommes passés de 10% de smicards en 2017 à 17% de smicards en 2023. Dans le même temps, le nombre d’autoentrepreneurs actifs est passé de 700.000 à 1.700.000. Ces autoentrepreneurs actifs, dont cette activité est souvent la seule source de revenus, touchent environ la moitié du smic, 620 euros par mois. Macron a poussé l’autoentrepreneriat, une catégorie de sous-salarié, qui gagnent 600 euros par mois à travailler comme livreur de colis...

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