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Populisme et néolibéralisme

CRITIQUE. David Cayla est docteur en économie et enseignant à l’Université d’Angers. Défenseur d’une économie hétérodoxe, il fait partie du groupe des « Économistes atterrés ». Il est l’auteur de Populisme et néolibéralisme aux éditions De Boeck, une invitation stimulante à repenser notre modèle économique et social.

/2020/12/populisme, néolibéralisme, Cayla, Europe

Après un rapide tour d’horizon des phénomènes populistes ayant émergé de par le monde ces dernières années, David Cayla concentre son analyse sur l’Europe, « épicentre de la recrudescence actuelle du populisme », selon Bertrand Badie et Dominique Dival, cités dans l’ouvrage. Pour David Cayla, cette recrudescence populiste européenne ne tombe pas du ciel : « Le populisme n’est pas une simple affaire d’inégalités de revenu ou de patrimoine ; il n’est pas non plus la conséquence d’un phénomène inéluctable engendré par la modernité ; c’est avant tout la conséquence de transformations démographiques et sociologiques qui sont elles-mêmes les conséquences de dynamiques économiques sous-jacentes. »Il se lance alors dans une minutieuse description de la faillite du projet économique européen, à travers l’analyse d’une double crise : celle de ses deux principales institutions économiques (le marché unique et l’euro) et la crise des migrants de 2015. Pourquoi une poussée néopopuliste dans les pays européens ? En raison de la crise des dettes publiques. Pourquoi la crise des dettes publiques ? Non pas parce que les pays du Nord seraient culturellement travailleurs et les pays du Sud culturellement fainéants (comme on l’a lu souvent), mais à cause de l’effet de « polarisation » instituée par la mise en place du marché unique européen. Qu’est-ce à dire ?

Reprenant une intuition de l’économiste britannique Alfred Marshall, David Cayla montre que l’activité industrielle a tendance à se concentrer géographiquement. De ce fait, l’Acte unique européen (1986) a engendré progressivement un effet de « polarisation » qui a fait converger le capital et le travail vers l’Allemagne (et globalement les pays « du Nord »). Avant 1986, les effets d’agglomération industrielle (une région attire les ressources mobiles, soit les investissements (le capital) et les emplois (le travail)) étaient limités par les frontières nationales et les droits de douane. C’est l’avènement du marché unique qui engendre la dynamique de polarisation...

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