« Antidémocratique » : quand des ONG de gauche découvrent la réalité de la politique européenne
ARTICLE. Huit ONG, aussi influentes auprès des institutions européennes que grassement subventionnées, dénoncent le virage de la Commission européenne en faveur de la simplification des normes, au détriment de ses ambitions écologiques – qui, dans un contexte d'insécurité commerciale, sont en perte de popularité dans les institutions européennes. Elles dénoncent un processus « antidémocratique » de la part de la Commission européenne. Il n'est pas trop tard pour découvrir l'eau tiède.
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Dans le microcosme des institutions européennes, le frontière entre lobbies et ONG, appellation plus médiatiquement convenable, peut souvent être trouble. Pourtant, les associations se trouvent en général comme chez elles dans les alcôves de Bruxelles ou de Strasbourg – les nombreux financements de leurs activités aidant, l'UE ayant déboursé 7,4 milliards d'euros en financement d'ONG entre 2021 et 2023. Mais pas cette fois-ci.
Dans un contexte de rétropédalage de la Commission européenne sur la question du Pacte Vert européen, les ONG écolos commencent à faire de la résistance. Particulièrement huit d’entre elles : Notre Affaire à Tous, Transport & Environnement, Global Witness, ClientEarth, Friends of the Earth Europe, Anti-Slavery International, Clean Clothes Campaign et European Coalition for Corporate Justice. Dans leur viseur, la loi “Omnibus”, un paquet de mesures visant à simplifier des dispositions de la législation européenne actuelle (notamment au niveau du Pacte vert européen) en relâchant la pression de la bureaucratie sur les entreprises. Un projet législatif élaboré « sans aucune consultation publique, en écartant la société civile, en l’absence de preuves ou d’évaluations de l’impact environnemental et social, et en se concentrant principalement sur les intérêts étroits de l’industrie », jugent les ONG dans un communiqué. Le 18 avril, elles ont annoncé porter plainte auprès de la Médiatrice européenne, Teresa Anjinho, chargée d’enquêter auprès des institutions européennes à la recherche de cas de « mauvaise administration ».
En 2025, le mot à la mode du côté de la Commission européenne est “simplification”. Ce qui implique de s’attaquer, au moins un petit peu, à l’étouffante législation en vigueur. Y compris au Pacte Vert européen, ce grand plan de la Commission européenne pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. La loi “Omnibus” s’attaque ainsi notamment à trois piliers du Pacte vert : la directive sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD, qui...