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[Jacques Sapir] Comment sortir de la guerre en Ukraine ? – Partie 3 : le coût humain de la guerre

CONTRIBUTION / ANALYSE. Dans cette troisième partie d'une analyse qui en comptera au total cinq, l'économiste Jacques Sapir, observateur attentif et rigoureux du monde russe, se penche sur le bilan humain du conflit. PARTIE 1 À LIRE ICI
PARTIE 2 À LIRE ICI

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Les erreurs évoquées dans la précédente partie de cette analyse permettent de comprendre pourquoi les pays occidentaux ont cru, de bonne ou de mauvaise foi, que la Russie ne pourrait pas s’engager dans une guerre à haute intensité de longue durée. Les conséquences de cette erreur ont été dramatiques sur le plan humain. Des informations, parfois contradictoires et venant de sources multiples nous renseignent sur l’état des pertes humaines dans ce conflit. Bien entendu, il convient de faire preuve de prudence. Des deux côtés, la propagande est intense. L’Ukraine ne publie pas le chiffre de ses victimes, et la Russie publie des chiffres très fragmentaires, qui ne sont guère utilisables. Les estimations que l’on présente ici sont donc naturellement des hypothèses.

Néanmoins, il est possible de se faire une idée relativement juste de l’ordre de grandeur des pertes. Et, cet ordre de grandeur est clairement catastrophique pour l’Ukraine. Sur le site ukrainien « Ukraina Pravda » il est indiqué que la ministre de la politique sociale, Mme Oksana Zholnovitch, a indiqué que le nombre de mutilés avait augmenté de 300 000 en Ukraine depuis le 24 février 2022 (21). Si l’on tient compte des décès dans ce groupe, de l’accroissement des mutilé « civils » (qui est cependant réduit vu le faible niveau d’activité en Ukraine du fait du conflit), on peut raisonnablement penser que ces 300 000 nouveaux mutilés sont des mutilés « de guerre ». Or, on connait, à peu près, le rapport entre le nombre de morts et le nombre de blessés (physiques ou psychologiques) rendus « inaptes » à un retour en unités. On compte ainsi pour 1 mort 1,7 personnes devenues inaptes. Le total (1 + 1,7) constituant ce que les militaires appellent les « pertes » au combat (22), auxquelles il faut ajouter les disparus et les prisonniers de guerre (sans doute...

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