L’Allemagne rogne sur son aide militaire à l’Ukraine
ARTICLE. Il n’y a pas qu’en France que le temps est aux économies budgétaires. Vendredi, le gouvernement fédéral allemand a décidé la réduction de moitié de son budget consacré aux livraisons d’armes à l’Ukraine.
Les échéances électorales sont toujours propices à des ajustements budgétaires de toute sorte. À un an des élections fédérales, l’Allemagne a décidé de serrer la vis sur ses dépenses dans le cadre de l’élaboration de son budget 2025. Parmi les victimes de ces adaptations, l’Ukraine. De 8 milliards d’euros cette année, l’aide militaire devrait fondre de moitié l'année prochaine, avec pour objectif de descendre à 0,5 milliards d’euros pour 2027 et 2028 d’après le quotidien de Francfort. Un coup dur pour les troupes de Volodymyr Zelensky, Berlin représentant le deuxième fournisseur d’aides militaires, loin derrière les États-Unis.
Si le chancelier Olaf Scholz a voulu rogner sur cette dépense, malgré le désir opposé du ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, partisan d’un plus grand soutien à l’Ukraine, c’est notamment pour maintenir la cohésion au sein de la coalition tricolore au pouvoir. D’une part, pour contenter Christian Lindner du Parti libéral-démocrate (FDP) et ministre des finances, adepte d’une plus grande rigueur budgétaire. Il avait d’ailleurs qualifié le premier budget élaboré en mi-juillet de « bancal » et avait appelé à de nouvelles négociations en août.
D’autre part, au sein même de l’aile du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) d’Olaf Scholz, la tendance la plus à gauche, incarnée par Rolf Mützenich qui en préside le groupe parlementaire au Bundestag, milite pour un gel de la guerre entre l’Ukraine à la Russie et une fin du conflit les opposants. Bien que décrié par les verts et les libéraux, qui y voient une naïveté coupable vis-à-vis de Vladimir Poutine, cet appel à une paix entre les deux belligérants est susceptible de rencontrer un public lors des prochaines échéances électorales. En mars 2024, 43 % des Allemands se déclaraient opposés à la livraison d’armes à l’Ukraine, contre 39 % en sa faveur.