Diplomatie

Macron et le Liban: la vérité qui blesse

Macron veut franciser le Liban tandis que la France se libanise. Un "en même temps" sidérant.

/2020/09/2_13

Un président ne devrait pas dire ça.

Il y a quelques jours, nous avons vu en direct à la télévision le chef de l’État engueuler, il n’y a pas d’autres mots, un journaliste à Beyrouth.

"Ce que vous avez fait est grave, non professionnel et mesquin" a asséné Emmanuel Macron à Georges Malbrunot.

Qu’a bien pu faire ce grand reporter du Figaro pour mériter un tel traitement?

Son travail.

Le chef de l'Etat lui reproche d'avoir écrit un article intitulé "Macron revient au Liban face aux chefs de clan", dans lequel sont détaillées ses méthodes pour forcer les dirigeants libanais à réformer leur pays, en les menaçant de geler leurs avoirs personnels.

Georges Malbrunot rapporte également que le chef de l’État aurait eu un entretien avec l’un des leaders du Hezbollah, organisation incontournable dans le jeu libanais mais considérée comme terroriste par de nombreux pays.

Pour l’Élysée, tout cela serait faux...

Comment un ancien banquier n’aurait pas pensé à saisir les comptes de dirigeants notoirement corrompus? Ne pas, au moins, menacer de le faire aurait été léger.

Comment un président aurait pu imaginer influencer la politique libanaise sans impliquer le Hezbollah? Ne pas ouvrir les discussions aurait été absurde.

Admettons que toute vérité ne soit pas bonne à écrire.

Il n’en reste pas moins qu’il est grave de traiter un professionnel respecté comme un enfant devant ses confrères.

Et qu'il est mesquin de donner des leçons de déontologie à un homme qui a été l'otage de l'Armée islamique en Iraq pendant 124 jours en 2004, mettant ainsi sa vie en jeu pour nous informer.

Mais surtout, quelle absence de professionalisme d’imaginer que les chefs de guerre libanais respecteraient un engagement de confidentialité comme des avocats d’affaire!

Si Emmanuel Macron est si furieux, ce n’est pas tant en raison de ces...

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