Ukraine : une équipée islamiste au pays des Cosaques
CONTRIBUTION / ANALYSE. Un an plus tard, la guerre entre Ukrainiens et Russes suit son cours. Pour mener au mieux ce combat, les deux camps ont fait entrer le ver islamiste dans une pomme de discorde déjà gâtée, révélant un autre affrontement : celle des soudards d’Allah qui ont amené avec leurs armes des querelles vieilles de trente ans.
Dans Le Prince, chapitre 13, Machiavel prévient, en parlant des troupes auxiliaires : « Les armes de ce genre peuvent être bonnes en elles-mêmes ; mais elles sont toujours dommageables à celui qui les appelle ; car si elles sont vaincues, il se trouve lui-même défait, et si elles sont victorieuses, il demeure dans leur dépendance. » Pourtant, l’emploi de ce que l’on appelle des proxies(« groupes de procuration ») est monnaie courante dans la chose guerrière. Motivés par l’argent ou par une cause, ils représentent un atout tactique pour qui entend s’imposer sur un théâtre d’opérations. Toutefois, certains précédents historiques tendent à confirmer les dires du philosophe de Florence. Ainsi dans les années 1980 d’une guerre afghane où, pour empêcher les Soviétiques, Washington a armé les groupes moudjahidines locaux avec les résultats que l’on connaît : défaite finale de l’URSS certes, mais émergence des taliban, la création d’Al-Qaïda, un « cimetière des empires »… l’histoire est connue. Se répétera-t-elle en Ukraine ?
La République d’Itchkérie au secours de l’Ukraine
Depuis 2014, de nombreux groupes se sont portés au secours de l’Ukraine dans le Donbass : Tatars (lire notre précédent article), Géorgiens, Biélorusses, Russes dissidents également… mais aussi des Tchétchènes revanchards vis-à-vis des guerres qui ont dévasté leur territoire dans les années 1990.
Boris Eltsine attaque la Tchétchénie entre 1994 et 1996. Il échoue et montre au monde l’inanité de l’armée russe de cette époque. Une courte période d’indépendance s’installe. Vladimir Poutine, arrivé au pouvoir en 1999, entend ramener le pays dans le giron de Moscou. Non sans une certaine efficacité : Grozny, la capitale locale, est quasiment rayée de la carte. Djokhar Doudaïev, l’ancien colonel de l’armée de l’air soviétique aux affaires, est éliminé… mais les ramifications fondamentalistes s’installent. Pendant quinze ans, la Fédération de Russie lutte contre les combattants de l’Émirat du Caucase avant de...