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Affaire Le Pen : que cache la procédure accélérée ?

CONTRIBUTION / OPINION. En mettant en place une procédure d’appel accéléré pour l’été 2026, la justice dit vouloir apaiser la situation un an avant l’élection présidentielle. Mais notre contributeur y voit une stratégie pour tenter d’étouffer la colère populaire.

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Crédits illustration : ©LEO VIGNAL/SIPA


Beaucoup de choses ont été dites sur le jugement rendu le 31 mars par le tribunal correctionnel de Paris. La sanction indéniablement disproportionnée, surtout par son caractère exécutoire, a suscité la joie sans borne de la plupart des observateurs de gauche. Ivres de bonheur, ces derniers se sont empressés de déverser leur manque de technicité et de connaissance de la chose juridique dans les médias du même bord.

Mais l’essentiel est désormais ailleurs. La décision exceptionnelle de la justice de faire en sorte que le procès en appel ait lieu en été 2026 peut être interprétée de deux manières, inquiétantes dans tous les cas.

Il peut tout d’abord s’agir d’un désaveu implicite à l’endroit de la juridiction de première instance qui se serait trompée et aurait rendu un jugement politique, ce qui relève de l’évidence. La seconde interprétation serait plus pernicieuse. Et si cet appel accéléré n’était paradoxalement qu’une manigance dilatoire visant à étouffer la grogne populaire et… à confirmer la dimension politique de l’ensemble de la procédure ?

Un jugement à dimension politique, quoiqu’on en dise


Parmi les propos relayés par la presse de gauche, il en est certain qu’il ne fallait absolument pas rater, pour des raisons différentes. Dans le quotidien Libération, le constitutionnaliste Benjamin Morel estime en effet que « la peine d’inéligibilité avec exécution provisoire de Marine Le Pen a forcément une dimension politique ». En l’espèce, les juges ne pouvaient pas ignorer le calendrier électoral et donc le double impact de leur décision sur « le droit de vote de l’électeur et celui de se présenter pour le candidat ».

Certains intervenants ont tout de même réussi le tour de force de nier cette dimension politique en nous dressant le portrait d’une justice à l’impartialité parfaite, absolue, quasi divine. Ainsi, il ne saurait y avoir de justice politique, car « la...

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