Centralisation au XXe siècle, l’histoire terrible d’un nihilisme mortifère
OPINION. La centralisation du pouvoir et des idées au siècle dernier est l’illustration d’une moraline d’État qui, habillée d’utilitarisme, s’impose au citoyen.
Friedrich Nietzsche, face à la centralisation et son cortège d’injonctions morales : le devoir de nihilisme
Centraliser les concepts équivaut à normer le système de production d’idées après définition des codes communs de la morale. Cette action constitue le terreau de la pensée dualiste platonicienne opposant bien et mal. Pour Nietzsche, il s’agit là d’une « morale du ressentiment » qu’il considère être l’œuvre des faibles pour se prémunir des effets de la puissance des forts : si je n’ai pas les moyens de lutter je vais convoquer des valeurs morales pour n’être pas attaqué par un assaillant que je ne saurais contenir. Si le philosophe allemand considère qu’il convient de proscrire ce genre de système de centralisation de la morale, c’est parce que selon lui, les injonctions morales laissent place à la haine et finalement à la violence. Les guerres de religion ou les dictatures du XXe siècle viennent appuyer cette considération.
Centraliser c’est amener au pouvoir la direction de l’idée par une masse bureaucratique faisant prévaloir l’artifice intellectuel que Nietzsche condamnait en ces termes : « C’est chez l’Homme que cet art du travestissement atteint son sommet : illusion, flagornerie, mensonges, parade, éclat d’emprunt, masques, convention hypocrites… bref le sempiternel voltigement autour de la vanité. »
Simone Weil face à l’écueil de la centralisation des idées : le nihilisme de la morale kantienne
Un parti politique est une réunion de personnes qui œuvrent à centraliser des idées dans un pacte commun. Simone Weil, en 1950, dans Note pour la suppression générale des partis politiques, considère que les partis politiques portent en eux les germes du totalitarisme. Cette considération contrevient aux évidences admises qui s’accordent autour de l’idée que ces organismes garantiraient la pluralité des opinions.
La philosophe voit en la concentration d’idées l’écueil de l’homogénéité lié à la nécessité de s’inscrire « dans la ligne du parti »...