RécitGuerre Civile

Chronique d’une guerre programmée

OPINION. Dans cette fiction, notre abonné imagine un climat insurrectionnel à la veille de l’élection présidentielle de 2022. Une guerre entre le peuple français et ses élites dans un pays qui peine à percevoir un avenir lumineux.

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Ils l’avaient juré en 1945 et on l’avait cru : « Plus jamais ça ! ». Ils avaient déclaré la guerre à la guerre, planté l’arbre de la liberté, prononcé un dernier discours et chacun était rentré chez soi, la conscience endormie par l’espoir d’une paix éternelle. Mais la crise est venue, la peur s’est installée et l’espoir a disparu. Désormais, le réel règne en maître et impose sa loi. Il est cinq heures, Paris s’éveille, le ciel est la proie des flammes. De la République à la Nation, témoins des luttes passées, une fumée noire confisque le soleil, plonge le jour dans la nuit. « Ils n’ont pas fait ça ! », s’indigne une jeune mère au chômage, « c’est impossible ! ». Mais impossible n’est pas français, elle devrait le savoir, et ils l’ont fait. Et cet ancien combattant d’interroger, incrédule, les heures sombres du passé : « Paris brûle-t-il ? ».

Paris brûle, en effet, Paris est en guerre, Paris, ville ouverte, est ouverte au malheur. À la station de métro Charonne, des cadavres jonchent le sol par dizaines. Parmi eux, un jeune chanteur, la soixantaine aux cheveux longs, sourit une dernière fois à la vie ; il avait avoué son amour pour la République. Demain, d’autres corps tomberont, retranchés pour l’heure au cimetière du Père-Lachaise, la cité des morts qui achève les vivants.

Nous sommes le dix-neuf avril 2022, à la veille de l’élection présidentielle. Venant de Versailles, l’armée occupe le sommet de Belleville. Depuis la bataille d’Alger, elle maîtrise la petite guerre, comme disait Clausewitz, version française de la guérilla. Elle sait quadriller un cimetière dense comme une casbah, déloger les fuyards emmurés, briser les résistances, fusiller les hommes, les femmes et les enfants, le dos au mur des Fédérés. Dans la mêlée, elle éliminera les pauvres sans domicile fixe qui ont élu domicile, comme les miséreux...

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