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Comment penser ce que nous sommes ?

OPINION. De plus en plus, la notion d’identité imprègne la société française et ses fractures. Notre abonné nous livre une réflexion sur l’articulation entre les différentes conceptions de l’identité, qu’elle soit individuelle ou collective.

/2021/04/IDENTITÉ-NON-INDENTIQUE

L’adjectif « identique » serait le chef de file d’une ribambelle d’autres acolytes comme les termes « pareil », « même », « congruent », « compatible », « semblable », « équivalent »… Il sera lui-même identifié par l’autre terme de l’équation qu’il qualifie. Fléau de la balance entre deux équivalences, distinctes quoique sur un plan unique. Comment donc s’enquérir de l’identité en général quand elle tend à signifier tous les « mêmes » qui nous unissent ?

Unifier les congruences pour s’afficher autres, car « avoir une identité », c’est aussi se distinguer de celles qui n’en relèvent pas. En outre, la copule du verbe « être » crée un lien insécable entre moi et mon identité, ce qui peut compliquer cette appartenance en l’« enkystant ». Mon identité propre serait-elle redevable de mon identité nationale ? Dois-je plonger dans les racines historiques de ma nation pour me réaliser en tant qu’individu responsable ? Chaque individu est porteur d’un héritage plus ou moins conscient, notre « moi » se construit sur ce socle en s’y arrachant, en s’y séparant pour gagner en autonomie.

Vouloir lover son être dans l’origine inchangée et fixée à jamais peut mener, comme on le voit en ce moment, à l’identitarisme biologique, de race, qui rejette toute adaptation au monde tel qui va, niant ainsi la liberté humaine. S’agréger à une terre, au végétal, ou à une origine sacrée et intouchable produira un sectarisme dominant les esprits, n’acceptant aucune remise en question puisque indiscutable par essence. Seule une identité unitaire peut s’entendre, c’est-à-dire permettant d’autres entrées, mais à condition que l’altérité soit sa boussole, surtout si le différent et l’étranger ont leur place, venant participer au pot commun.

Identité en construction, ni normative, ni dogmatique, un parcours utilisant les données patrimoniales en tant que tremplin pour investir le futur des possibles. Le repli originaire afin de se singulariser ne saurait satisfaire ceux qui aspirent à « se changer » pour gagner en connaissance...

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