Covid-19Coronavirus

Covid : au-delà du défi sanitaire, le défi moral

OPINION. Entraînée dans le tumulte de la crise sanitaire, notre société en oublie parfois de penser ses propres actes. À l’heure où la décision précède la réflexion, il est pourtant urgent d’affronter le défi moral qui s’impose à nous. La philosophie morale pourrait nous y aider.

/2021/02/Covid au-delà du défi sanitaire, le défi moral

Qu’est-ce que la crise actuelle nous apprend sur nous–mêmes ? Cette question devrait être la première à nous occuper. En effet, que dire d’une société qui sacrifie sa jeunesse, son économie et ses libertés sur l’autel de la solidarité avec ses anciens ? Doit-on croire qu’elle fait ainsi preuve d’un sens de la justice inégalé ou qu’elle n’est plus qu’une société malade qui maltraite son avenir au nom de l’urgence du présent et de l’angoisse généralisée ? Ces questions sont fondamentales, et de leurs réponses pourrait aisément dépendre la suite de notre siècle. Soyons d’abord honnêtes envers nous-même : aucune de ces réponses ne sera pleinement satisfaisante. Il y a trop d’enjeux, et donc trop d’intérêts contraires pour qu’une large majorité s’en satisfasse sans réflexion préalable. Mais surtout - et c’est un point qui semble avoir été consciencieusement omis depuis le début de la crise du Covid - ces questions engagent notre rapport fondamental à la morale. Elles nous forcent à adopter une authentique position philosophique face à la crise. Position aussi cruciale que délicate, car c’est elle qui dicte en ces temps incertains notre destin commun et les buts que nous voulons atteindre ensemble pour le réaliser.

Une morale (trop ?) parfaite

Jusqu’ici notre société semble avoir choisi un parti-pris déontologique. Dans le droit sillage de Kant, elle affirme que nul ne doit être sacrifié au nom du bien du plus grand nombre et qu’aucune mort évitable ne peut être acceptée. Cette posture philosophique radicale semble de loin la plus « morale » au sens contemporain du terme. Avec elle on ne se salit pas les mains. En effet, on ne juge pas les conséquences de nos actes mais les intentions qui motivent l’action. Même si sacrifier une personne me permet d’en sauver dix, je ne dois pas m’y résoudre, car la personne humaine est toujours...

Vous aimerez aussi