Covid-19transhumanisme

Covid, l’antichambre de la pensée transhumaine

OPINION. Notre réaction à la crise sanitaire est révélateur d’un changement de civilisation et de notre rapport à la mort, faisant écho à la progression du courant transhumaniste.

/2021/12/CRISE_SANITAIRE_TRANSHUMANISME


Imaginons : nous devenons tous subitement immortels. Du moins intrinsèquement. La seule façon dont nous pouvons mourir est par une cause externe, une mauvaise rencontre, un accident, un manque de ressources, une famine, etc., mais à conditions égales, au lieu de vivre en moyenne 80 ans, nous pouvons vivre 800 000 ans. Quel serait notre rapport à la mort ? Serions-nous, comme nos grands-parents, fatalistes, résignés, vivant avec l’idée de notre finitude, ou serions-nous terrifiés d’avoir tant à perdre en cas d’accident malheureux ? Quel serait notre rapport à la vie ? Prendrions-nous des risques ou serions-nous tentés par l’immobilisme ? Partirions-nous à l’aventure ou au contraire, préférerions-nous nous confiner dans un cocon protecteur ?

Comment regarderions-nous les jeunes et les enfants ? Avec une tendre fascination devant une vie qui ne demande qu’à s’épanouir, ou avec la hargne de celui qui craint le pique-assiette ou le perturbateur ? Tous les futurs adultes, qu’ils soient ados ou enfants, seraient-ils vus comme la promesse d’une continuité de l’espèce, ou comme une menace à notre éternité confortable ? Le transhumanisme pour tous est-il possible ?

Finalement, cette apparente bénédiction de l’immortalité ne serait-elle pas notre damnation ? Notre vie éternelle ne ressemblerait-elle pas de plus en plus à l’immobilité de la mort, la peur de vivre et du prochain en prime ?

J’enfonce une porte ouverte par les philosophes, les conteurs et les romanciers : la quête d’immortalité est toujours un pacte avec le diable qui au mieux nous transforme en vampires livides, au pire en morts-vivants. Ouvrons cette porte sur la crise actuelle :

Notre incapacité collective à accepter qu’après 80 ou 90 ans, on puisse mourir, n’est-elle pas remarquable ? Ne marque-t-elle pas une rupture dans l’histoire de l’humanité, à savoir le refus assumé de la mort ?

Notre incapacité collective à admettre un critère d’âge dans cette maladie n’est-elle pas le signe d’un renversement anthropologique...

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