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Dans le "coing"

CHRONIQUE. Tout au long de l'été, notre camarade Jean-Paul Pelras nous incite, avec ces chroniques champêtres, à nous replonger dans ce flot de souvenirs qui font notre identité collective. Aujourd'hui, quelques fruits délicieux quand ils sont cuits...

/2021/08/Photo Coings

Pour les cueillir, il faut arriver au bout de ce chemin qui, déprise agricole oblige, s’est un peu refermé sous la végétation. Ensuite, il faut contourner le cabanon aux planches noircis, écarter la vigne qui s’est ensauvagée depuis que plus personne ne la taille, enjamber le petit ruisseau, l’arrosoir  rouillé, laisser à main droite les vieux outils appuyés contre les roseaux gris.

Enfin, le voilà, entre un poirier « beurré hardy » et ce pommier qui donnait quelques incomparables « coquettes ». Oui, le voilà ce cognassier au patronyme ingrat, oublié depuis deux générations parce que plus personne ne sait ce qu’il faut faire de ses fruits. Et pourtant toujours vivant, arborant dans la lumière oblique des matins d’automne, entre les ronces, le lierre et le houblon sauvage, ses coings triomphants.

Ces coings qui nous viendraient de Perse ou du Caucase et que l’on surnommait sous la Grèce Antique « Pommes de Cydonie ». Ces fruits âpres, durs et duveteux auxquels, enfants, nous ne trouvions aucun intérêt. En revanche, déclinés en compotes, confitures ou  gelées et, bien sûr, en pâte de coing, il remportait tous les suffrages et devenait ce piriforme un peu mystérieux aux vertus gustatives inespérées.

Désormais plébiscité pour ses arômes, il accompagne, parait-il, légèrement caramélisé, faisans, magrets et autres boudins et civets de sangliers. De quoi donner des idées à ceux qui veulent retrouver les chemins de l’enfance. Même s’il faut se résoudre à les débroussailler.

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