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De banals mammifères terrestres : leçon sur le port du masque

OPINION. Le 17 juin, c'était le premier jour sans masque obligatoire en extérieur. Pourtant, bien des Français continuaient de le porter, à la fois par routine, par mimétisme, et par peur intériorisée... Décorticage des mécanismes psychosociaux à l'oeuvre.

/2021/06/MASQUE_FIN_OBLIGATION

La majorité des gens continuent de porter le masque dans la rue. L’étonnement et l’incompréhension règne sur certains visages et sur les réseaux sociaux. Rien d’extravagant à cela pourtant : de même que nous nous sommes mis à le porter par mimétisme, nous ne l’enlèverons que par mimétisme, c’est-à-dire quand le nouveau paradigme comportemental (« Ah, on peut retirer le masque apparemment ») aura suffisamment infusé dans le corps social.

Le temps d’infusion peut varier – selon le niveau d’accès et d’abstraction de l’information - mais il est irréductible. Il faudra sans doute trois jours pour que tout le monde retire son masque comme il faudra sans doute trois siècles pour que la théorie de la relativité générale remplace dans les esprits la théorie newtonienne de la gravitation. Des temporalités diverses mais une même loi d’airain.

Croire qu’à 00h01 ce jeudi 17 juin, tout le monde aurait retiré son masque est une négation de l’affreuse banalité de notre condition de mammifère terrestre. Notre cerveau intuitif, produit de l’évolution, se moque de la vérité ou de l’effectivité de telle ou telle loi, il agit par réflexe selon le principe de moindre effort. Sur quoi se fonderait les techniques de conditionnement social si ce n’était sur la froide inertie des comportements de masse ?

Nul n’est censé ignorer la loi, dit l’adage, et pourtant tout le monde l’ignore parce que cette ignorance est collective. Pour faire porter un short bleu à un quidam, il ne sert à rien de faire passer un décret. Il suffit de faire porter un short bleu à ses voisins. La conformité aux actions des autres est un lieu commun de la psychologie sociale, en témoigne notamment l’expérience de Asch (1951).

Bien sûr, il existe en nous un cerveau rationnel, contrôleur paresseux des données du réel. Monotâche, lent et besogneux, il n’est...

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