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De la Normandie au Quercy à moto

OPINION. Cet été, Front Populaire propose à ses lecteurs de partager un souvenir, une réflexion, un morceau de France. Notre abonné nous propose une traversée sensorielle de l’Hexagone à moto.

/2021/08/ROADTRIP-MOTO

Nous quittions Harquency de bon matin, et remplissions les sacoches de la moto, penchée sur la béquille latérale devant l’escalier, la carte sur le réservoir. On ne part pas à moto comme on part en voiture. On y sent le même attachement qu’au cheval d’antan, avec lequel on va traverser les pays. L’herbe du parc était couverte de la rosée des matins d’été, celle qui laisse entrevoir une journée ensoleillée. Germaine nous avait préparé des repas froids, Louise apportait des bouteilles remplies de l’eau fraîche du puits. Lætitia avait un pantalon beige, un blouson de cuir de la Chasse italienne, son casque noir mat et toujours son foulard de soie rose.

En route vers le sud ! Quitter la Normandie, passer au large de Chartres, traverser la Loire et s’enfoncer en Sologne, jonchant notre trajet de visites imprévues. Nous roulions plein sud avec cartes et boussoles, lentement pour se parler. Quand les virages d’une route déserte le permettaient, nous accélérions en rabaissant nos visières, grisés par le bruit du moteur et la vitesse, je sentais le corps de Lætitia sur le mien. Courbe après courbe, nous atteindrons Vaillac demain.

Nous regardions, assis sur la paille sèche d’un champ de blé, à l’ombre d’une haie d’aubépines, les ondulations à l’infini des vallons du Bourbonnais. La lumière de ce début d’après-midi, bourdonnante et vibrante, dorait l’horizon où se détachaient au loin bleu pâle, les clochers de villages immobiles. Tout respirait le calme et l’opulente abondance de la campagne française en juillet, qui nous donne comme un fruit bien lourd, le labeur et l’intelligence des générations qui nous ont précédés. Nous admirions, grisés, cette lumière cuivrée des champs, dans le calme saturé d’un paysage à écouter Satie. La chaleur languissante nous emportait doucement, nous souhaitions ne plus compter les heures et ne plus connaître...

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