Récit

Les bien singuliers petits déjeuners du jeudi

RÉCIT. Cet été, Front Populaire propose à ses lecteurs de partager un souvenir, une réflexion, un morceau de France. À travers le récit des petits déjeuners pris chez ses grands-parents, c’est toute une époque que nous rappelle notre lecteur.

/2021/08/RECIT-REUIL

Il faut que je vous raconte le rituel des petits déjeuners de mes 5 ans. Ça se passait le jeudi matin, chez mémé Maria et pépé Maurice, mes grands-parents ch’tis. Pourquoi le jeudi ? Parce que ce jour-là, en 1961, les enfants n’allaient pas à l’école. La veille au soir, mon père — à l’époque le plus jeune contremaître d’EDF — nous embarquait, moi et ma sœur de 3 ans dans sa Simca-Aronde bleu ciel à toit crème et une bande blanche sur chacun des pneus. La classe américaine !

-	La maison de Rueil en construction. C’est mon arrière-grand-père Victor Tatinclaux qui pose. Il est un des 58 survivants du 362 Régiment d’Infanterie posté au Bois et au village d’Hautmont le 21 février 1916. Début de l’enfer de Verdun. Le village rasé a été déclaré «&nbspmort pour la France ».
- La maison de Rueil en construction. C’est mon arrière-grand-père Victor Tatinclaux qui pose. Il est un des 58 survivants du 362 Régiment d’Infanterie posté au Bois et au village d’Hautmont le 21 février 1916. Début de l’enfer de Verdun. Le village rasé a été déclaré « mort pour la France ».

Nous partions de notre petit appartement des Rives de Seine pour aller chez les grands-parents. Mémé Maria et pépé Maurice habitaient à Rueil-Malmaison, alors populaire et champêtre, dans une maison construite dans les années trente par pépé, dont les formes étaient librement inspirées par Le Corbusier. Mémé était cantinière et pépé chauffeur de poids lourds chez Renault. Tous les deux étaient originaires du Cambrésis. Pépé avait été auparavant mineur pendant 25 ans. Il avait 10 ans et demi quand il descendit pour la première fois à la mine. C’était un peu avant le début de la guerre de 14…

-	Mon grand-père Maurice avec son camion.
- Mon grand-père Maurice avec son camion.

Arrivés, nous changions de langue : du français vers la langue d’oïl picarde. Ceci fait, mémé Maria et pépé Maurice nous accueillaient chez eux, tout sourire et contents. Nous soupions et au dodo. Après une bonne nuit de sommeil, nous nous retrouvions le matin vers 8 heures à la cuisine : petite, elle était éclairée par une pâlotte...

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