De « l’hyper-présidence » à la majorité relative
OPINION. Résultat notable dans l'histoire récente : le président de la République n'a pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale. Un cas de figure qui, loin d'être inédit, est plus en phase avec l'esprit de la Ve République que n'a pu l'être l' « hyperprésidence » des mandats Sarkozy, Hollande et Macron I.
Nombre d’éditorialistes s’alarment sur le caractère dramatique de l’absence de majorité absolue pour le Président de la République. Au commencement de la Ve république, le général de Gaulle lui-même a connu cette situation en 1958, 1962 et 1967, il est vrai avec l’appoint des députés CNIP et MRP, mais la loyauté de ceux-ci n’était pas définitivement acquise. La Constitution gaullienne de 1958 ne garantit absolument pas une majorité absolue à l’Assemblée, mais procure au Gouvernement des capacités d’action en cas d’obstruction parlementaire (grâce au recours au 49-3, aux ordonnances et au vote bloqué, principalement).
En réalité, notre vision des institutions est altérée par 40 ans de dénaturation du régime initial.
Depuis 1981, le Président est redevenu essentiellement « l’homme d’un parti » d’où la terminologie contemporaine de « majorité présidentielle » ou de « cohabitation » qui n’appartenait pas au vocabulaire gaullien. D’autre part le passage au quinquennat a synchronisé les élections législatives et présidentielle, contre les préconisations du Général : « parce que la France est ce qu’elle est, il ne faut pas que le Président soit élu simultanément avec les députés, ce qui mêlerait sa désignation à la lutte directe des partis, altérerait le caractère et abrégerait la durée de sa fonction de chef de l’État » (1)
Le quinquennat a donc renforcé...