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Débat avec Zemmour : Onfray et son double radical

OPINION. Bien que les deux débatteurs partagent un grand nombre de convictions, la radicalité d’Éric Zemmour lors de l’échange organisé par Front Populaire avec Michel Onfray a, selon notre lecteur, été un obstacle à la nuance nécessaire au débat.

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Le thème du double est fréquent dans les œuvres de fiction. Le héros croise sur sa route son sosie, grotesque et caricatural, apparu comme par magie pour pervertir son image et obsceniser sa pensée. Dans le roman Les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski, Dimitri Karamazov, en conflit avec son père, se confie à son serviteur. Celui-ci en conclut qu’ils sont unis comme des frères et qu’il est simplement le plus courageux des deux en osant le parricide. Dans le film Chute libre, Michael Douglas est révolté par le désordre qui règne dans sa ville. Il croise un nazi qui lui dit « toi est moi sommes pareils ». Dans la série Friends, alors que lui et Rachel font une pause dans leur relation, Ross cède aux avances d’une fille et a aussi droit dans la foulée au « toi et moi on est pareil » venu d’un abruti libidineux.

D’ailleurs, pas besoin d’aller chercher dans la fiction. Nous avons tous rencontré des personnes qui, parce que sur certains points nous pensons comme elles, sont persuadées que nous sommes pareils et qu’elles ont juste le courage d’exprimer haut et fort une commune vision des choses. Nous avons tous fait l’expérience de ces conversations où nous croyons que nous allons pouvoir modérer notre interlocuteur, avant de nous apercevoir que sa pensée est figée dans une radicalité obtuse et de ressentir ce coup de pompe symptomatique d’une envie de se retrouver enfin seul avec soi-même.

J’ai eu ce sentiment en visionnant en différé le débat entre Michel Onfray et Éric Zemmour. J’y ai vu un philosophe qui, partageant certaines idées de son interlocuteur — pour faire court : le souverainisme, les territoires perdus de la république et la montée de l’islamisme — et séduit par son brio, a cru pouvoir le modérer et l’amener...

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