D’une sidération, l’autre
CONTRIBUTION / OPINION. Le fait que nos dirigeants expriment leur sidération face aux événements en cours au Proche-Orient n’a rien de rassurant, aux yeux de notre lecteur. Cela démontre au contraire qu'ils n’ont pas l’étoffe nécessaire pour faire face à l’histoire.
« Sidération », le mot est souvent utilisé ces temps-ci. Il est brandi à chaque nouvelle scène de violence ou d’horreur. Je suis quant à moi sidéré par cette sidération, autrement dit sidéré par l’aveuglement de ceux qui sont censés nous éclairer, nous faire comprendre le monde, nous informer, nous diriger.
Il y a toujours eu violence et horreurs. Il n’y a certes pas toujours eu de caméras pour les filmer ni de réseaux sociaux pour en diffuser les images au monde entier, mais elles avaient lieu, partout, souvent, et il y avait du public, en « présentiel », devant gibets, piloris, roues, échafauds et autres dispositifs faits tout exprès pour le supplice des condamnés… Le raffinement dans la cruauté n’a rien de nouveau. La fascination qu’elle exerce non plus.
Plus récemment le stalinisme, la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale, la Shoah, le maoïsme, et j’en passe… sont là pour nous rappeler que ce qui se passe ces jours-ci dans ce pays de Palestine ou de Canaan, sur cette terre dite promise ou sainte, n’a rien de proprement sidérant.
Mais pourquoi toute cette violence et toutes ces horreurs ? On le sait : parce que la violence entraîne la violence, que la vengeance entraîne la vengeance. L’aurions-nous oublié ? Le mécanisme apparaît dès la Genèse, et le moyen de l’enrayer y apparaît aussi.
Il y a toujours de « bonnes raisons » de tuer autrui, mais aucune de ces bonnes raisons n’est véritablement une bonne raison. Il y avait une bonne raison de tuer Caïn puisqu’il avait tué Abel, mais non, justement, ce n’était pas une bonne raison : « Et le Seigneur mit un signe sur Caïn pour le préserver d’être tué par le premier venu qui le trouverait. » Tout est dit.
Depuis 25 siècles, qu’a-t-on écrit de mieux pour exprimer l’engrenage de la violence et simultanément pour...