EHPAD : les politiques profondément inégalitaires à l’égard du grand âge
OPINION. Qu’il s’agisse des disparités territoriales ou sociales, les personnes âgées ne sont pas toutes égales face aux politiques publiques.
Le regard des citoyens à l’égard des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) reflète très majoritairement des critiques, très souvent bien fondées. Récemment encore, le défenseur des droits a mis en avant de nombreux dysfonctionnements de ce type d’institutions. Encore faut-il rappeler qu’une grande partie de ces critiques trouve leur fondement dans les politiques profondément inégalitaires à l’égard de ces établissements et plus généralement, du grand âge. Essayons d’exprimer cela à travers deux exemples particulièrement éloquents.
Des places d’aide sociale abondantes en EHPAD malgré leur utilisation très limitée
Les hommes et femmes politiques ont toujours mis en avant l’existence importante de places d’EHPAD bénéficiant de l’aide sociale à l’hébergement (ASH). Très concrètement, lorsqu’une personne âgée ne dispose pas des moyens financiers pour payer le coût mensuel de son établissement, dès lors qu’il s’agit de son admission dans une structure associative ou publique, et, exceptionnellement, du secteur privé à but commercial, elle peut alors être prise en charge au titre de cette aide sociale.
Dans une première approche particulièrement significative, nous savons qu’une très grande majorité des personnes âgées retraitées bénéficie d’une retraite inférieure à 2000 € par mois. De la même façon, le coût d’un hébergement en EHPAD se situe autour de 1900 € à 2000 € par mois. Nous mesurons déjà l’écart insignifiant qu’il existe entre les possibilités financières des personnes âgées et le coût d’une institutionnalisation. Un chiffre particulièrement percutant doit alors être mis en avant concernant le recours à cette aide sociale à l’hébergement. Aujourd’hui, 442 000 places sont habilitées à l’aide sociale, alors que seulement 120 000 places d’EHPAD sont occupées au titre de cette aide sociale à l’hébergement ! C’est-à-dire une occupation de moins de 30 % des places réservées à l’aide sociale, alors que le constat de l’importance du coût des EHPAD rend difficile...