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Émancipation ou assimilation : le dilemme culturel du défi migratoire

OPINION. Outre les considérations économiques ou sécuritaires, l’un des principaux défis posés par l’immigration est civilisationnel. Pour s’assimiler, les immigrés doivent-ils laisser l’intégralité de leur bagage culturel à la frontière ? Pour notre abonné, pas nécessairement.

/2021/11/ASSIMILATION_FRANCE


Certains estiment que pour pouvoir faire sa vie en France, seule l’assimilation à « son identité » serait l’unique voie. « Entrer en identité » comme en religion, en acceptant les conditions de l’hôte en place. Il suffirait de déposer sur le seuil du pays tout ce qui a pu constituer son propre être. Sa valise de vie passée. Un exil intérieur remplacé par un exil territorial. L’hospitalité serait ainsi réduite à son sens captif : venez chez nous à condition de nous ressembler ! Contentez-vous de cultiver votre différence en vase clos, sans qu’elle trouve un écho ou un apport quelconque pour nous ! Votre singularité d’exilé ne saurait n’être que subversive et tendrait à combattre l’hôte comme l’autre que nous sommes ! Entrer dans un corps constitué plutôt que de le faire évoluer en l’enrichissant de sa culture.

Encore faudrait-il que cette culture ne soit pas déjà et toujours travaillée de l’intérieur et ne plus ressembler à son mythe fondateur, dilué depuis dans le temps. Ce mode de vie, les mœurs, les paysages de notre pays se sont transformés et les bouleversements ou événements historiques ont dessiné d’autres critères, d’autres pratiques, d’autres décors, d’autres représentations. Penser notre identité nationale comme à jamais fixée n’est que pure nostalgie sans possibilité de retour.

Que devient alors l’altérité entre les individus, constitutive de toute relation ouverte sur le monde, cette étrangeté nécessaire à toute pensée de l’inconnu, à la poésie, à la littérature, à l’art ? On serait en droit de considérer l’accueil comme la possibilité de son émancipation, de sa réalisation par l’arrachement à son donné, par une sortie libératrice, plutôt que par un cheminement vers un corpus déjà constitué. L’hôte accueillant devra donc permettre à l’hôte accueilli de prendre appui sur son exil pour le valoriser dans sa vie et dans ses œuvres et non pas lui demander...

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