Français

Être français

OPINION. Les actualités des derniers jours montrent un pays attaqué, divisé et affaibli, à la veille de la guerre civile. Face aux menaces qui se multiplient partout, les Français peuvent-ils de nouveau se rassembler ? Si oui, comment ? Et d’abord, qu’est-ce qu’être Français ?

/2020/11/Sans titre (40)

Pour certains, être Français c’est être blanc, chrétien catholique, attaché à la langue française parlée au 18èmesiècle et à la tradition monarchique de la France. C’est être partisan d’une homogénéité culturelle voire génétique, d’une francité qui ne se transmettrait que par voie héréditaire (comme les nobles de jadis qui devaient justifier de leurs quartiers de noblesse) via le droit du sang.

Pour d’autres, on peut être Français si l’on est né ou que l’on décide de vivre sur le territoire de la France, sans autre critère. C’est le droit du sol dans son acception ultime. Tous les autres aspects du pays, langue, culture, gastronomie, arts ou histoire, sont secondaires. Priorité à la localisation plutôt qu’à l’enracinement : « J’y suis, j’y reste ».

On perçoit aisément les limites de telles définitions. Dans un cas, l’identité française serait réservée à une élite génétiquement et/ou culturellement pure. Dans l’autre, être Français se réduirait à une question de lieu, faisant de la France une sorte de « grand hôtel » plutôt bien étoilé où l’on pourrait accéder à de nombreux services souvent inexistants ailleurs : instruction et soins gratuits, droits civiques et politiques, prestations sociales diversifiées, liberté de culte, accès aisé aux services de base (eau, électricité, télécommunications).

Etre Français ne peut se résumer ni à être un descendant direct de Louis XIV, ni à être un consommateur exigeant de services publics et de prestations sociales. Quelle forme peut donc revêtir l’identité française ?

En 1882, Ernest Renan prononça une conférence à la Sorbonne, où il proposa la définition suivante : « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel,...

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