Eh oui, la gauche communautariste, incarnée par La France insoumise, flirte régulièrement avec la ligne rouge de l’antisémitisme, et la franchit même désormais. Et donc, car évidemment le fait est grave quand il devient répétitif, a-t-on droit à une levée de boucliers collective et au feu croisé de tous les commentateurs sur le sujet. Mais enfin en quoi est-ce une surprise ?

Gauche et antisémitisme, un tabou ?

Remettons pour ces grands donneurs de leçons « l’église au centre du village » ! Tant l’antisémitisme qui fut évidement porté par l’extrême droite durant les années 30 et la décennie qui suivit a toujours été consanguin et même constitutif de la gauche française, qui sait hurler régulièrement contre le monstre fasciste qu’elle prétend voit ressurgir dans des postures seulement souverainistes, en oubliant d’interroger objectivement son histoire. Étant connu désormais comme un libre penseur, et quand bien même le propos dérange, je vais développer brièvement le propos.

Au-delà des écarts devenus hebdomadaires de la France insoumise, dont le leader — pour pêcher des voix dans des quartiers communautaires qui renouent avec la haine viscérale du juif — n’hésite plus avec ses troupes à entretenir le trouble, il y eut d’autres signaux récents dont on ne s’est pas assez ému. Évoquons l’affaire Traoré qui a conduit une large part de la gauche à battre le pavé dans une manifestation au cours de laquelle des propos radicaux antisémites, et même des pancartes antisémites, furent présents sans que lesdits leaders de cette gauche songent à quitter le cortège.

Mais un peu d’histoire ne fera pas de mal, avant d’évoquer plus loin la racine antisémite du trotskisme à la française. 13 mars 1895, le grand journal La Dépêche publie un article d’un homme politique de l’époque, Raymond Gendre, député radical-socialiste, et le cite : « La juiverie politique et financière qui nous ronge...