La pollution liée au transport du GNL, rejetée sous forme de méthane, gaz incolore et inodore par nature, est exceptionnellement sanctionnée par les autorités et encore moins portée aux oreilles du public. La base ARIA (Analyse, Recherche et Information sur les Accidents) du Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions industrielles (BARPI) n’en recense qu’un cas sur les 54 000 incidents et accidents signalés en 28 ans.

Le méthane pour pouvoir être aisément transporté est liquéfié en abaissant sa température à -163°C. Dans ces conditions 640 m³ de méthane sont liquéfiés en 1 m³ de GNL (Gaz Naturel Liquéfié). Sur les méthaniers, ce dernier est stocké dans des cuves adiabatiques, c’est-à-dire n’échangeant pas de chaleur. Néanmoins, au fil du temps, sous l’effet du réchauffement, le GNL se regazéifie, c’est ce que l’on appelle le « Boil Off ». Ce dernier représente 0,2 % de la cargaison (BOR, Boil Off Rate), pour les bateaux les plus anciens et de 0,1 à 0,15 % pour les plus récents. Ceci implique qu’un méthanier (174 000 m³ de GNL) libère environ 100 000 m³ de méthane par jour. Le méthane obtenu est appelé le BOG (Boil Off Gas). En mer, il peut être soit reliquéfié sur les tankers les plus récents comportant une station de liquéfaction embarquée, soit brûlé pour la propulsion du navire. Cette solution classique est loin d’être écologiquement neutre, en effet 3 % du méthane est imbrûlé et s’échappe dans l’atmosphère avec les gaz de combustion. Pour une traversée transatlantique, cela représente 50 000 m³ de méthane (78 m³ de GNL, 0,05 % de la cargaison de GNL d’un méthanier).

Le problème est tout autre si le bateau est au mouillage : pour limiter la pression dans les cuves, le gaz est alors rejeté dans l’atmosphère. Un seul cas de dégazage a été sanctionné par...