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Grève des retraites : faut-il condamner les violences ?

CONTRIBUTION/OPINION. Comme d’habitude, les médias ont fait leurs choux gras des violences sporadiques qui ont émaillé les manifestations contre la réforme des retraites. Mais que faut-il penser de ces actes ?

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Le lendemain de la manifestation, les journalistes, bien campés dans leur rôle de chiens de garde du système, demandaient à leurs invités sur un ton inquisitorial : « Est-ce que vous condamnez ces débordements ? » Il était donc aisé de constater qu’un consensus existe chez ces « garants de l’ordre social ». En effet, on retrouva partout une même condamnation des débordements puisque, dans une prétendue « démocratie libérale » comme la nôtre, on ne discute pas avec quelqu’un qui légitime, souhaite, promeut ou même produit de la violence. Mais l’utilisation de la violence n’est-elle pas légitime quand cela représente le dernier moyen pour le peuple de se faire entendre ?


La conception grecque de la guerre civile


Dans L’Iliadeau chant XVIII, Héphaïstos figure, sur le bouclier d’Achille, deux cités humaines : l’une de paix, mariage et justice, et l’autre qui affronte la guerre. On ne peut pas comprendre les Antiques si on ne prend pas en compte les racines sociales du débat contradictoire et les modalités du conflit. La vie de la cité antique conserva toujours ce lien intime entre la politique et le militaire, car ce sont les hommes réunis en assemblées qui votent les lois et font la guerre.

Les Grecs savaient pertinemment que la cité n’était que l’histoire de la victoire et de la supériorité d’un parti sur l’autre. Ils comprenaient aussi l’importance de maintenir une paix intérieure pour pouvoir ensuite lutter efficacement « aux portes de la ville assiégée contre l’armée des assaillants ». Ainsi, lorsque les citoyens s’affrontaient entre eux, la cité était déclarée malade puisque la guerre civile était considérée comme une abomination. Les Grecs donnaient pour nom à cet affrontement la stasis. L’historien Fustel de Coulanges considérait même que la stasis constituait la trame de « l’histoire de la Grèce ».

C’est la reconnaissance entre citoyens — la fraternité —...

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