Humanité : fin de partie ?
OPINION. Entre clonage, tri embryonnaire, ciseau génétique, et nanotechnologies, notre aliénation à la technique est en train de menacer les fondements même de notre condition humaine.
Ils étaient légion, autrefois, à alerter face à la technicisation du monde. Le XXème siècle et son lot de malheurs avaient en effet convaincu les plus entêtés du danger que représentait la technique : du philosophe Jacques Ellul en passant par l’écrivain Georges Bernanos, sans oublier les marxistes de l’École de Francfort et l’écrivain Albert Camus ; rares étaient ceux qui pouvaient se donner le luxe d’ignorer ce problème grandissant. Pourtant, un siècle plus tard, leur lutte semble plus compromise que jamais. Le solutionnisme a gagné les cœurs et les esprits. La technique serait alors la panacée face au changement climatique, au vieillissement des populations, à la faim dans le monde… Mais plus qu’une solution dans un monde en proie aux crises, elle apparaît surtout comme une porte de sortie. Une porte de sortie permettant à l’Homme de s’extraire de sa condition inconfortable, située au croisement entre finitude et désirs inassouvis. Les transhumanistes espèrent candidement qu’en échappant à ce qu’ils sont, ils rendront leur existence plus supportable et s’absoudront des torts du passé. Cette fuite en avant, dans laquelle ils nous jettent, doit à terme devenir une évidence avec le développement du clonage, du ciseau génétique, et de l’ectogenèse... La question qui subsiste alors est la suivante : sommes-nous vraiment encore en mesure de « lutter contre l’instinct de mort » qui guide désormais l’humanité ?
La dépression métaphysique de l’Occident
Nous avons été plongés dans un monde dénué de transcendance, incapable d’offrir plus de satisfaction que celle de la jouissance quotidienne permise par la consommation. Mais une fois l’homme ordinaire repus de ces plaisirs immédiats et prosaïques, il retourne dans le néant tant caractéristique de son époque. Après tout, que peut-il faire de mieux que d’enchaîner les stimuli de dopamine le ramenant à sa petitesse et à sa médiocrité ? Cette situation houellebecquienne est la nôtre....