opinionsEducation

La direction d’école : du mépris à l’abandon

OPINION. Directeur d’école, notre abonné témoigne de la difficulté croissante de ce métier – qui lui tient pourtant à cœur – du fait, notamment, de l'abandon des pouvoirs publics. Et accentuées par la crise sanitaire, les difficultés du métier ne datent pourtant pas d’hier.

/2021/05/EDUCATION

En France, la plupart du temps quand nous parlons de l’école dans les médias, dans les livres, ou tout simplement entre personnes, il ne s’agit pas de l’école primaire, mais du secondaire et principalement du collège, comme si l’école comptait moins. Déjà une perte de sens des mots, alors que cela est simple à restaurer, et ne coûte rien. Parlons de l’école pour l’école ! À l’Éducation nationale, le directeur d’école n’est pas la pièce maîtresse du primaire, puisque les prérogatives et les décisions reviennent principalement à l’Inspecteur de l’éducation nationale (IEN) qui dirige une circonscription, avec souvent une bonne trentaine d’écoles. Donc là aussi, le sens des mots est primordial, car le directeur n’est pas le chef, et l’école n’est pas un établissement reconnu comme c’est le cas dans le secondaire, où il y a bien un chef d’établissement.

Ces mots en disent long sur la pensée politique et l’Éducation nationale que nous voulons pour nos enfants. Car l’autonomie d’un établissement et l’effet chef d’établissement sont bien identifiés comme les principaux leviers d’amélioration de la réussite des élèves… Quand je suis devenu directeur il y a douze ans, c’était un choix personnel pour une évolution professionnelle et j’ai donc suivi la voie classique, avec préparation de l’entretien et participation au mouvement après l’avoir réussi. Je suis allé voir un ancien directeur d’une école où j’avais exercé, et il m’a dit : « Bienvenu au club, mais c’est juste le début des emmerdes ! ». On a déjà vu plus enthousiaste comme accueil, mais je n’ai jamais trouvé plus réaliste…

De nombreuses études montrent la souffrance au travail des directeurs. Des commentaires de directrices et de directeurs, tous aussi clairs les uns que les autres, montrent des situations concrètes intenables sur le terrain, souvent relayées par les syndicats ou par les organisations comme le...

Vous aimerez aussi