Pap Ndiaye et la race : un antirépublicain rue de Grenelle ?
OPINION. En visite à l'université de Washington, le ministre de l'Éducation nationale a évoqué la difficulté, d’après lui, d’aborder les questions ethno-raciales dans notre pays, feignant d’ignorer que la France n’est pas les États-Unis.
Quatre mois après sa nomination, le militant a pris le dessus sur le ministre. À l’occasion d’un discours prononcé devant un parterre d’étudiants à l’université de Washington, Pap Ndiaye, Ministre de l’Éducation nationale, s’est cru autorisé à critiquer son pays au titre de ses blocages en matière de lutte contre les discriminations : en France, il est ainsi difficile « d’affronter avec nuance les questions ethno-raciales », déplore-t-il, car « le concept de race reste très sensible ».
Une triple faute
En s’exprimant dans ce lieu et selon ces termes, Pap Ndiaye s’est rendu triplement fautif. D’abord parce qu’il a oublié, le temps de son allocution, qu’il est le ministre de l’Éducation nationale, et que cette fonction, noble entre toutes, exige un engagement constant plutôt qu’intermittent ; invité en tant que ministre par cette université américaine, c’est en universitaire, et même en militant, qu’il s’y est comporté. Plus encore, sa charge exige une claire conscience des valeurs supérieures qu’elle incarne ; difficile de soutenir qu’en se faisant le promoteur de la « race » en France, Pap Ndiaye se soit comporté en ministre de la République.
Deuxième faute : c’est sur un sol étranger qu’il a perdu le fil de ce qui est attendu de lui, sur un sol étranger qu’il est tombé assez bas pour procéder en public à une critique de la France non pas superficielle, mais incriminant des croyances solidement ancrées dans les fondations de notre culture politique. Ce faisant, il a porté atteinte à la dignité de sa fonction et, plus gravement, à celle de notre pays. Le fait que l’actuel président se soit permis d’agir ainsi auparavant ne saurait servir de justification, sauf à se résigner à l’idée que la morale publique au sommet de l’État est minée par un affaissement mortifère. Une chose est d’être conscient des carences et des...