La résistance afghane, gage de l’indépendance de la France
OPINION. La prise de Kaboul par les talibans le 15 août dernier vient questionner sur le futur immédiat de l’Afghanistan sur l’échiquier géopolitique international, et appelle la France à se positionner.
Sans nul doute, les taliban, autométamorphosés en « armée de libération nationale », sortent vainqueurs et renforcés du long conflit qu’a connu l’Afghanistan. Mais, ce beau succès immédiat pourrait vite s’avérer une victoire à la Pyrrhus, tant les vainqueurs ne parviendront pas à fédérer la société civile, les ethnies et les turbulents chefs de guerre autour d’eux.
Les prochains acteurs de la résistance afghane
La résistance continue toujours dans le Panchir, derrière Ahmad Massoud, le fils du charismatique commandant, et le vice-président Amroullah Saleh. Tous deux codirigent désormais le Front National de la Résistance (FNR). Même si les taliban ont dernièrement progressé dans la vallée, leur victoire est loin d’être acquise, contrairement à ce qu’affirme en continu leur propagande. Très vite, le FNR pourrait être rejoint par les femmes, dont le fait nouveau et notoire est que ces dernières ont appris depuis 2001 à manier les armes et à se regrouper en milices armées (exclusivement féminines ou non). Autres alliés de circonstance, les Hazaras chiites pourraient très vite reprendre le maquis si le nouveau régime taliban prenait des mesures radicales contre cette minorité frondeuse.
L’autre épine dans le pied des talibans se nomme l’Organisation de l’État Islamique-Khorasan (OEI-K). Autant le noyau de l’OEI-K au Nangarhar, constitué de militants ouïghours et du Sud-Est asiatique, avait été nettoyé en janvier 2021 par une alliance de contre nature unissant Américains, gouvernementaux d’alors et talibans, autant celui du Nord afghan, constitué de groupes radicaux turcophones et tadjikophones, tient toujours. La même dissension idéologique oppose aujourd’hui les Daechiens internationalistes aux talibans nationalistes que celle qui faisait s’affronter hier en URSS, trotskistes et staliniens. Parce qu’internationaliste, l’OEI-K se veut par ailleurs plus inclusive et regroupe la plupart des militants radicaux des minorités ethniques, qui ne trouvent pas leur place chez les talibans, où la centralité pachtoune verrouille toute...