La sobriété malheureuse
OPINION - La sobriété malheureuse est en train d’uniformiser le monde au nom d’une prise de conscience écologique internationale : tout ce qui dépasse est maintenant sujet à scandale.
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La sobriété heureuse n’a pas passé l’hiver. Ramenée à la réalité par une pandémie qui a révélé nombre des failles de notre société et confirmé le diagnostic des Gilets Jaunes : il en faut des moyens pour être sobre aujourd’hui !
Il y a bien des Français sobres depuis toujours, car ils n’ont pas les moyens de s’offrir une voiture, de prendre l’avion pour Ibiza ou de manger de la viande à tous les repas. Mais ils ne sont pas sobres comme il faut : qu’elle est sale, cette sobriété subie ! Il y a ceux qu’on empêche d’être sobres, qui voulaient vivre tranquillement en marge à la campagne mais qui sont rattrapés par une nouvelle taxe pondue par le démon administratif : pour eux, le quotidien paisible ne peut quasiment plus exister, le bruit et l’agitation ont déjà envahi le monde et l’administration avale ce qu’il en reste. Il y a ceux, enfin, à qui on impose d’être sobre dans leur comportement : baisser les yeux, ne pas porter de jupe, ne pas s’opposer aux désirs au risque de subir une de ces fameuses incivilités ; ne plus apporter la contradiction en entreprise par peur de perdre son CDI ; ne pas exprimer d’opinion trop dérangeante si on veut avoir le droit de la diffuser un peu largement.
La seule ivresse tolérée aujourd’hui est celle qui vient d’ailleurs : la boulimie de soda et de burger, les yeux boursouflés par des heures passées devant des séries américaines ; la frénésie du clic pendant le black Friday et autres jours de fête mondiale en l’honneur de Sainte-Consommation; les manifestations hystériques en pleine épidémie pour importer des USA les règlements de compte racialistes dans nos rues ; les vols et les égorgements de milliers de moutons, tant que c’est pour l’Aïd ; la fête ...