Le cas particulier se rebiffe
CONTRIBUTION / OPINION. Le cas particulier et le cas général ont toujours entretenu des rapports de bons voisinages. Ils se saluaient poliment au détour d’un isoloir, d’une loi, ou d’une démonstration. Pourtant, récemment, il semble que leurs relations se soient sensiblement dégradées.
Le cas particulier a toujours reconnu au cas général un certain mérite à représenter au mieux les intérêts du plus grand nombre. De son côté, le cas général reconnaissait au cas particulier un certain talent à montrer l’exemple. Ensemble, on ne dira pas qu’ils allaient main dans la main vers un monde meilleur, mais disons qu’ils trouvaient matière à tirer le meilleur parti l’un de l’autre. Échange de bons procédés.
Et puis quelque chose se passa. Quelque chose de suffisamment clivant pour que nos cas ne se parlent plus. Il faut dire que le cas général avait gravi quelques échelons dans la hiérarchie sociale, à mesure qu’il excellait dans les preuves ou les votes. Il n’y avait pas mieux que le cas général pour convaincre l’auditoire qu’il fallait aller virer de bord, ou aller dans le mur. De son côté le cas particulier l’avait mauvaise. Il parlait toujours autant, mais avait le sentiment que l’on ne l’écoutait plus. Son argumentaire était jugé insignifiant, non représentatif, peu convaincant. Le cas particulier était devenu invisible, alors que le cas général vampirisait l’image. Inévitablement, le cas particulier considéra que le cas général avait pris le melon. Et de son côté, le cas général considéra que le cas particulier avait pris la mouche.
Je t’aime, moi non plus
Or, lorsque le cas particulier devient rancunier, il peut se montrer particulièrement chafouin. Par exemple, il peut devenir un contre-exemple. Il s’agit d’un exemple tout à fait retors, bien plus intéressant que l’exemple standard. D’ailleurs, c’est à lui que l’on fait appel lorsque l’on utilise la déraisonnable preuve par l’absurde. Une preuve qui en a fait tomber plus d’un. En un seul coup d’un seul, le contre-exemple peut mettre au tapis une armée d’arguments, alors que l’exemple standard ne prouve jamais rien. Parfois, il peut arriver...