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​​Le génie philosophique français selon Henri Bergson

CONTRIBUTION / OPINION. Le penseur français a consacré une partie de son œuvre à étudier la spécificité de la philosophie française, qu’il décrit comme une pensée universellement accessible et imprégnée de science.

/2023/05/Bergson


En 1915, Henri Bergson publie un essai sobrement intitulé La Philosophie française. Dans ce livre, Bergson décrit la philosophie de penseurs tels que René Descartes, Blaise Pascal, Nicolas Malebranche, Jean-Jacques Rousseau, Étienne Bonnot de Condillac, Pierre Maine de Biran, Charles Renouvier, Claude Bernard, etc. À chaque fois, il explique l’originalité de chacun de ces maîtres à penser qui ont fait rayonner la France à travers les âges, mais aussi à travers les continents.

Bergson commence son essai par ces mots : « Toute la philosophie moderne dérive de Descartes. » Bergson ajoute que « si toutes les tendances de la philosophie moderne coexistent chez Descartes, c’est le rationalisme qui prédomine, comme il devait dominer la pensée des siècles suivants. Mais à côté ou plutôt au-dessous de la tendance rationaliste, recouverte et dissimulée par elle, il y a un autre courant qui traverse la philosophie moderne. C’est celui qu’on pourrait appeler sentimental, à condition de prendre le mot “sentiment” dans l’acception que lui donnait le 17e siècle, et d’y comprendre toute connaissance immédiate intuitive. Or ce second courant dérive, comme le premier, d’un philosophe français [N.D.A : Bergson parle ici de Blaise Pascal]. »

Mais Bergson analyse aussi dans cet essai, les « traits communs » de tous ces philosophes qui définissent l’identité intellectuelle de la pensée française. Quels sont-ils donc selon lui ?

Il le dit tout de go, ce qui frappe d’abord le lecteur c’est la formidable simplicité de la forme des écrits de tous ces auteurs. Pour Bergson, « la philosophie française s’est toujours réglée sur le principe suivant : il n’y pas d’idée philosophique, si profonde ou si subtile soit-elle qui ne puisse et ne doive s’exprimer dans la langue de tout le monde. Les philosophes français n’écrivent pas pour un cercle d’initiés ; ils s’adressent à l’humanité en général. Si, pour mesurer la profondeur de leur...

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