Le naufrage de l’éducation nationale : la question des salaires (partie 4)
CONTRIBUTION / OPINION. À travers cette série de cinq articles, notre lecteur se propose de disséquer les failles du système éducatif français. Pour rendre à nouveau le métier d’enseignant attractif, les pouvoirs publics doivent se pencher sur la question des salaires.
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Les concours de recrutement des professeurs souffrent donc d’une profonde désaffection, y compris dans les disciplines littéraires — quoique depuis moins longtemps qu’en mathématiques —, et ce alors même que les possibilités alternatives d’insertion sur le marché du travail sont a priori moins nombreuses pour les littéraires.
Les conditions de travail en général, et en particulier les problèmes de discipline évoqués dans le second article de la présente série, en sont sans doute une des raisons. On note d’ailleurs une croissance forte et quasiment continue depuis quinze ans du nombre de démissions parmi les enseignants en poste : ces « départs définitifs volontaires » (comme les appelle pudiquement le ministère de l’Éducation nationale), qui dans un tiers des cas se produisent dès la période de stage qui suit la réussite au concours de recrutement, représentent désormais chaque année environ 0,35 % du nombre d’enseignants en poste, c’était seulement 0,05 % en 2008. Comme chaque année environ 3 à 3,5 % des enseignants partent en retraite, cela signifie que pour 10 départs en retraite il y a environ un départ par démission (à un âge en général sensiblement plus faible que celui de la retraite). Il faut voir là un signal faible de la dégradation des conditions de travail des enseignants. Restaurer la discipline au sein des classes est à cet égard essentiel, si l’on veut rendre au métier d’enseignant une partie de son attractivité passée.
L’autre raison probable à la perte d’attractivité du métier d’enseignant tient aux conditions de rémunération, qui n’ont cessé de se dégrader au cours du temps, sous l’effet de la sous-indexation de la valeur du point de la Fonction publique par rapport à l’indice des prix. Il y a trente ans, un professeur des écoles débutant était rémunéré 1,8 fois le SMIC et un professeur agrégé 2,3 fois le...