Au lancement de son plan de formation des enseignants à la laïcité, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a lancé aux enseignants : « Si vous voulez devenir plombier et que vous avez un problème avec les tuyaux, vous choisissez un autre métier. Si vous devenez professeur, vous transmettez les valeurs de la République, éventuellement, sortez de ce métier, parce que vous vous êtes trompés à un moment donné. » Ahurissant ce parallèle avec le métier de plombier ! Quel rapport, si ce n’est peut-être le fait qu’un plombier gagne plus qu’un prof !

Revenons à l’accusation du ministre : les profs ne transmettent pas les valeurs de la République. On reconnaît encore là l’idéologie dominante qui jette à la figure des citoyens français, ce mot de « République » vidé de son sens ! Chaque matin devant mes classes, je mets en avant le respect, la neutralité confessionnelle, je tente de faire exercer l’esprit critique et réfléchir à partir de textes littéraires d’auteurs français ou autres, et mes collègues essaient de faire leur travail avec sérieux quoi qu’on en dise.

Cette expression « valeurs de la République » n’est qu’un concept creux, « à côté de la plaque », car le problème est ailleurs : abandon du prof, seul devant un public, il marche « sur des œufs », dans la retenue ou parfois l’autocensure et redoutant les réactions épidermiques de parents intolérants et contestant l’autorité de l’enseignant. Et comme un cabri décidément, laïcité, laïcité ! République, République ! On veut sanctuariser l’école, mais on ne le fait pas. L’école est devenue une auberge espagnole, infiltrée de toutes parts par les discours inutiles. Pour le ministre, les profs sont des irresponsables ou sans intelligence qu’il faut former à la laïcité: voilà, la solution est trouvée !

Menaces, mépris, école de la « défiance »… en permanence, le ministre joue avec ce problème de l’école pour en faire une thématique...