Le variant double mutant n’est pas le seul responsable du désastre sanitaire en Inde
TÉMOIGNAGE. Expatriée depuis 7 ans, notre abonnée livre son témoignage sur la situation indienne vis-à-vis du Covid-19. Phénomène peu couvert par la presse internationale, les mécanismes de corruption participent grandement au désastre sanitaire actuel.
Française, mariée à un indien et résidant en Inde depuis 7 ans, j’habite à Bangalore, la troisième ville économique du pays, située au sud de l’Inde et composée de plus de 12 millions d’habitants. Alors que les médias internationaux couvrent allègrement le désastre sanitaire en Inde, je m’étonne que certains éléments cruciaux responsables de cette crise soient oubliés, notamment la corruption et le profit.
En effet, nous sommes bombardés d’images insoutenables de malades du Covid mourant dans les rues, mais seule la responsabilité du « virus variant double mutant » est évoquée. Pourtant, tout le monde en Inde sait que la crise sanitaire pourrait être atténuée grâce à un peu de probité et peut-être de bon sens.
Dans une ambiance lourde de confinement très strict où ne nous ne pouvons sortir que pour faire des courses alimentaires à pied, et entre 6 et 10 h du matin, sous peine de recevoir des coups de bâtons par la police, il n’y a plus une journée qui s’écoule sans que nous recevions des appels désespérés de nos amis, de membres de notre famille à la recherche d’un lit d’hôpital ou de médicaments pour un cousin, un voisin, un collègue…
C’est donc non sans dégoût, mais non sans surprise que je découvrais le 5 mai dernier dans les journaux locaux qu’au moins 4 065 lits avaient été réservés à Bangalore sous de faux noms et étaient en réalité inoccupés. Des lits auraient été réservés jusqu’à 12 fois pour la même personne. La stratégie est bien rodée. Ainsi, dès qu’une personne est testée positive, elle reçoit un appel des autorités pour lui demander si elle souhaite un lit d’hôpital. Dans le cas où la personne estime vouloir être hospitalisée (alors même qu’elle est parfois asymptomatique, mais j’y reviendrai après), on lui explique qu’il n’y a plus...