Noël

L’hybris de Noël

OPINION. Évènement religieux pour les uns, tradition familiale pour les autres… Pour notre lecteur, Noël est surtout devenu symbole d’opulence dissimulant la perte de sens de notre époque moderne.

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Ambiance frénétique, et tous de préparer la fête de Noël, achats, encore des achats et toujours des achats. Cadeaux calculés, destinés selon le lien familial ou de sympathie, combien… Sous du papier doré, combien de joies ou de déceptions pour vite revendre cette chose infâme sur internet, le geste ne comptant plus aujourd’hui. Certains, déguisés de manière ridicule, d’autres obsédés par la dinde ou la bûche… ils sont là tous, dans un état second, à se jeter jusqu’au dernier moment sur des huîtres ou sur un morceau de foie gras.

Dans cette démesure (l’hybris des sages antiques, ce vouloir-vivre schopenhauerien), les corps se remplissent, boivent, mangent et puis, sous le sapin, on vise cet entassement de papiers dorés qui vont en désenchanter plus d’un. Autour de ces tables, nombreuses familles décomposées et recomposées, enfants en perdition, chez le papa, la maman ou les deux si on fait semblant. Des paroles et encore des paroles autour de la table, masquant des rancœurs où parfois jaillit un désaccord violent dans lequel chacun est enfermé dans cette volonté butée d’avoir raison malgré l’ignorance.

Et alors qu’à chaque année s’accumule encore un Noël, des absences s’imposent, la faucheuse étant passée par là. Notre finitude se heurte à notre aveuglement d’éternité : consommer pour oublier le vide de la mort, les douleurs enfouies… L’invention de ce Jésus qui devait apporter la paix, l’acceptation de l’autre, la modération ne dévoile que des périodes lourdes et délirantes où les incompréhensions et les haines ne font que s’accroître dans le moindre recoin de nos cerveaux en perdition, croire dans le divertissement avec les autres pour nous fuir : « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre », disait Pascal.

Nous nous acharnons à vivre dans l’illusion du bruit,...

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