Election américaineTrump

P-Y Rougeyron : « Je préfère un homme qui s’occupe des usines de Detroit plutôt que de l’UE »

OPINION. Diplômé de l’École de guerre économique, Pierre-Yves Rougeyron est spécialiste d’intelligence économique. Président du think tank souverainiste Cercle Aristote, il est aussi directeur de publication de la revue d’analyse géostratégique Perspectives Libres. Il décrypte pour nous les premières tendances du scrutin présidentiel américain.

/2020/11/white_house_president_usa_washington_places_of_interest_america_head_of_state-920337

Front Populaire : La première grande leçon de cette nuit est que la vague bleue démocrate annoncée n’a pas eu lieu…Comment expliquer que les sondages se soient (encore) trompés ?

Pierre-Yves Rougeyron : Il y a au moins trois phénomènes qui se sont superposés. D'abord un fait inhérent aux sondages qu'avait souligné Pierre Bourdieu en son temps. Le sondage prétend interroger la réalité alors qu'il la façonne, avec d'ailleurs des techniques bien rodées. L'encadrement des sondages politiques (il faut rappeler que la base de ce métier est de faire des sondages sur des produits) est un chantier démocratique à creuser. Cette réalité du sondage a encore frappé et donné à ceux qui l'ont commandé, généralement les démocrates et les médias de leur sillage, la carte dont ils rêvaient. Cela doit vous rappeler quelques exemples anecdotiques comme le Brexit, la première élection de Trump en 2016 ou le referendum du 29 mai 2005 (ndlr : sur le traité instituant une Constitution européenne) etc. Ensuite, une méconnaissance de la sociologie américaine. Les électeurs de classe moyenne et populaire comme les électeurs républicains (toutes classes confondues) ont une méfiance instinctive et bien compréhensible sur les enquêtes d'opinion. C'est un phénomène d'électorat caché que la plupart des mouvements qui subissent la vindicte médiatique connaissent et à quoi s'ajoute une méfiance américaine pour certaines institutions. Enfin, on oublie souvent que les États-Unis sont un Etat-continent où même les groupes sociologiques apparemment simples à catégoriser en apparence, prenons l'exemple de l'électeur blanc de classe moyenne votant Trump, sont en fait totalement hétérogènes, par exemple entre un électeur du Texas et un électeur de Pennsylvanie.

FP : On pensait que la crise du Covid allait être fatale à Trump. Elle semble avoir en réalité eu peu d’impact. Comment l’expliquer ?

PYR : A mon sens, pour deux réalités essentielles. Les américains sont...

Vous aimerez aussi