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Pascal, antidote à l’idéologie

CONTRIBUTION / OPINION. Alors que nous fêtons les 400 ans de sa naissance, l’intransigeant Blaise Pascal n’a jamais fait autant l’unanimité. Son œuvre qui nous apprend à nous situer selon les « trois ordres » plutôt que de nous réfugier dans un « camp du Bien » donne l’exemple précieux d’une saine radicalité.

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Ce n’est pas le moindre des paradoxes que Blaise Pascal, qui de son vivant n’a pas fui la polémique — qu’on songe au ton pamphlétaire des Provinciales —, fasse à ce point l’unanimité pour les 400 ans de sa naissance. Rares sont les figures intellectuelles à susciter un tel enthousiasme collectif. Tandis que le Pape François — jésuite sans rancune — rend dans une lettre apostolique hommage à l’homme de Foi, le mathématicien Cédric Villani explique dans une tribune parue dans L’Obs « pourquoi Blaise Pascal est un génie ». Il suffit par ailleurs de faire le tour des médias pour s’émerveiller : du Figaro qui lui consacre un hors-série à L’Humanité qui rappelle « Tout ce qu’on doit à Blaise Pascal, ce génie total », la presse de tout bord trouve en sa mémoire un point d’accord. Fait rare ! Celui qui de son vivant fut un intransigeant chercheur de vérité réconcilie désormais les contraires.


Génie universel


Que Pascal rende unanime n’est peut-être pas si étonnant si l’on considère le caractère universel de son génie : immense philosophe, mathématicien surdoué, écrivain brillant, mystique et théologien profond, remarquable physicien… Lui que Châteaubriand qualifiait d’« effrayant génie » fascine toujours autant, quatre siècles plus tard, par le caractère incroyablement complet de son intelligence. Rares en effet sont les penseurs que les écoliers étudient à la fois en cours de physique — tout le monde connaît l’unité de mesure à laquelle il a donné son nom — de philosophie et de littérature. Notons par ailleurs que la pensée de Pascal n’est souvent connue, ultime paradoxe, que par un ouvrage qu’il n’a jamais achevé, ni édité… ni réellement « commencé » : Les Pensées. Leur titre même n’est pas de lui et l’on ignore selon quel plan il voulait les ranger, hormis le découpage en trois parties. Les éditeurs sont partis des petits papiers...

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