Polémique Armanet/Sardou : extension du domaine du sectarisme
CONTRIBUTION / OPINION. En apparence grotesque, la polémique lancée par la chanteuse Juliette Armanet, fustigeant une chanson de Michel Sardou, illustre la tendance de la gauche à marginaliser ses adversaires politiques supposés, par le seul biais de leur sociologie. Comme d’habitude, c’est le débat d’idées qui en pâtit.
Une tempête dans un verre d’eau médiatique vient de me faire comprendre quelque chose d’essentiel. Récemment, une chanteuse française a fait beaucoup parler d’elle (c’était le but, je suppose : provoquer des classements par le buzz des réseaux sociaux) en déclarant qu’une chanson de Michel Sardou (Les Lacs du Connemara) était débectante et, je cite, « de droite ». Le côté débectant ne mérite aucun commentaire, c’est affaire de goût — encore faut-il préciser que, du point de vue technique, c’est une chanson tout à fait estimable ; il y a même deux vers que je trouve assez jolis : « On dit que la vie est une folie et que la folie, ça se danse. »
Par contre, ce jugement idéologique, ce classement, montre quelque chose d’essentiel non pas sur la droite, mais sur la gauche, quelque chose que j’avais déjà souligné dans mon dernier ouvrage, qui me semble encore plus évident aujourd’hui : puisque la chanson n’évoque rien de particulièrement politique, moins encore de doctrinal, sinon la croix et le catholicisme, piliers essentiels de la culture irlandaise qu’évoque la chanson, c’est nécessairement en référence soit à celui qui la chante soit au public qui l’apprécie que cette chanson est qualifiée « de droite ». Il n’y a ici aucun contenu idéologique, aucune dénotation qui permette la catégorisation, mais une connotation ; la chanson est de droite parce qu’un type « de droite » la chante et des gens « de droite » l’apprécient. On pourrait tout aussi ainsi dire qu’un plat cuisiné ou qu’une couleur ou qu’un type de meuble IKEA est « de droite » s’il semblait évident aux gens « de gauche » que ceux qui les apprécient sont « de droite ».
On savait déjà que les gens de gauche passaient leur temps à combattre et à analyser non pas des idées, des positions, ou encore mieux les arguments qui les...