Pour une écologie de l’enracinement
OPINION. Face au courant écologiste mondialiste dans lequel se diluent toutes les responsabilités, une vision locale et enracinée est la seule manière de réellement défendre l’environnement.
« La nature qui cesse d’être objet de contemplation et d’admiration ne peut plus être ensuite que la matière d’une action qui vise à la transformer », disait Camus. Il a ainsi, dans la fin de l’Homme révolté, repris le cadre conceptuel de Simone Weil, popularisé aussi par Gustave Thibon. Nous parlerons donc ici d’écologie de l’enracinement, avec des accents weiliens qui ont inspiré aussi le néoruralisme de Pierre Rabhi. Pour ceux qui s’intéressent à l’histoire des idées environnementales, cette « écosophie » (pour reprendre le terme de Michel Maffesoli) pratique vient aussi des États-Unis et de la pensée « conservationniste » héritière de John Muir et de Henry David Thoreau.
Les Français ordinaires ne comprennent plus les enjeux environnementaux, tiraillés entre les alarmes angoissantes et impératives répétées en boucle par les médias et gouvernements, et des messages plus rassurants, mais très peu audibles, prononcés par des scientifiques moins catégoriques. L’écologie, c’est « l’économie de la nature » selon le célèbre naturaliste Carl von Linné… Il est donc question de rendre les meilleurs arbitrages en faveur de la préservation de notre capital naturel commun.
Puisqu’il est ici question d’arbitrages et d’équilibre, la question suivante vient immédiatement à l’esprit : quels doivent être les rôles respectifs de la puissance publique et des gens ordinaires pour protéger la nature de manière efficace ? Actuellement toute la puissance des médias est mobilisée par l’urgence climatique présentée comme une urgence absolue qui éclipse tous les autres problèmes (pollution des océans, diminution dramatique de la ressource halieutique, etc.). Il s’agit d’une menace floue, difficile à quantifier pour les gens ordinaires. Les solutions qui nous sont imposées passent exclusivement par les organisations supranationales (protocole de Kyoto, ONU, banque mondiale…), ringardisant les initiatives locales et niant la réémergence des souverainismes.
L’urgence absolue est très utile pour les partisans du tout État bureaucratique, car elle est un passe-droit...