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Pourquoi la natalité est un sujet politique en France (partie 1)

CONTRIBUTION / OPINION. La fin de non-recevoir opposée par les milieux progressistes à la relance de natalité comme remède au déclin démographique de la France se fonde sur un arrière-fond historique et idéologique fallacieux que l’auteur de ce texte en deux parties se propose de démonter.

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La sentence est tombée il y a quelques semaines. Moins de 700 000 naissances ont été enregistrées en France en 2023, soit un plus bas niveau historique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Avec 1,68 enfant par femme, le taux de fécondité français s’établit désormais bien en dessous du niveau de remplacement de la population, fixé à 2,1 par les démographes.

Certes la France n’est plus, et depuis bien longtemps, la Chine de l’Europe. Pour autant, le pays pouvait encore s’enorgueillir d’une natalité plus dynamique que ses voisins européens. On se souvient qu’en 2012, dans son pamphlet le hareng de Bismarck, Jean-Luc Mélenchon avait vanté les mérites du modèle social français, plus viable et plus pérenne que celui de son partenaire allemand vieillissant. Mais l’annonce d’une telle chute de la natalité signe la fin de l’exception française en la matière. La France rentre dans le rang d’un Occident qui semble connaître un déclin démographique inéluctable.

C’est dans ce contexte que le président de la République, Emmanuel Macron, a tenu une conférence de presse de plus de deux heures le 16 janvier dernier, pour affirmer sa volonté d’engager « le réarmement civique », « économique », mais aussi « démographique » de la France. Les propos aux accents guerriers du président français peuvent prêter à sourire — chacun a en mémoire le « Nous sommes en guerre » du mois de mars 2020 en pleine pandémie du Covid — mais le ton martial employé par le président n’a pas de quoi interloquer lorsque l’on sait les maux susceptibles de ronger les sociétés sénescentes : une croissance économique anémique, l’augmentation des dépenses publiques, la fin des systèmes de solidarité intergénérationnels comme celui des retraites, sans compter la déstabilisation culturelle qui peut résulter du recours massif à une immigration de peuplement. « La démographie, c’est le destin », nous prévenait déjà le...

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