Covid-19

Que sommes-nous devenus ?

Que sommes nous devenus pour être à ce point infantilisés, suspectés, désignés, séparés, parqués, là où voilà six mois à peine nous étions capables de nous indigner, pour un mot, pour un geste, pour des idées ?

/2020/08/Ajouter un titre(13)

Mi août 2020, un magasin de bricolage, quelque part dans le nord Aveyron. Il est un peu plus de 14 h30, je suis au rayon peintures et je viens de me rendre compte que je ne porte pas de masque.

30 mètres, j’ai pu effectuer 30 mètres sans être rappelé à l’ordre pour avoir osé braver les consignes obligatoires. Je me ravise, pris de panique je cherche le bout de tissu dans ma poche. Le même, probablement porteur de milliers de microbes, qui passe de pantalon en pantalon depuis 2 mois. En quelques secondes me voilà redevenu ce citoyen normal respectueux des lois, cet anonyme obéissant qui dissimule son visage pour ne pas être verbalisé, vilipendé, grondé par les vigiles d’un magasin où je suis venu dépenser un peu d’argent.

Un peu plus loin, alors que je cherchais des vis 4X60 et une penture pour consolider un portail, un client venu vraisemblablement pour les mêmes articles m’invite d’un geste de la main peu amène à remonter le masque, l’objet étant passé sous les narines. Je m’exécute et devine dans le regard de l’inconnu une certaine jubilation. Celui ci, au nom de la loi, sera parvenu à contraindre quelqu’un qui, pour deux millimètres de tissu, ne la respectait pas.

Presque aussitôt, je m’en veux d’avoir obéi à ce type, de ne pas lui avoir dit ce que je pensais de sa petite injonction. Il est déjà au fond du rayon, j’ai envie de le rattraper, de lui apprendre à s’occuper de ses oignons. Mais je ne fais rien car j’ai besoin des vis et de la penture, tout comme il me faudrait aussi une tige filetée, du mastic, une serrure … J’ai chaud, j’ai honte, je suis en colère, j’ai peur, peur de déraper, peur d’insulter celui qui a profité de...

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