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Régionalisation, décentralisation, la haute fonction publique contre l’intérêt national

OPINION. Imaginée par Charles de Gaulle, l’organisation territoriale décentralisée subit depuis plusieurs décennies les coups de boutoir d’une haute fonction publique empreinte d’une idéologie néolibérale. Et cette déconstruction se poursuit encore aujourd’hui. 

/2021/05/HAUTE-FONCTION-PUBLIQUE

La France, et son besoin d’un État fort

C’est une banalité de dire que la France s’est constituée en tant que nation particulière qui a tenu depuis près de 800 ans, grâce à son État, et à la puissance administrative de celui-ci. Voilà un pays particulièrement hétérogène, qui a quand même réussi à devenir une des premières puissances du monde, à inventer le concept moderne de Nation et à proclamer l’avènement du nouveau souverain qu’était le Peuple. Mais cela n’a pu se faire que parce que justement l’ancien souverain, la monarchie absolue à la française avait auparavant compris l’importance de l’administration pour faire tenir l’ensemble. Emmanuel Todd et Hervé le Bras l’ont parfaitement expliqué dans Le mystère français (Seuil, 2013).

On ne reviendra pas ici sur l’histoire de cette administration ni sur le rôle de Napoléon Bonaparte — dont on ne dira jamais assez qu’il n’a pas inventé l’administration moderne de la France, mais qu’il l’a imposée grâce au bilan de ses prédécesseurs. Nous rappellerons simplement un moment qui symbolise cette particularité d’un peuple construit par cette administration puissante pour un pays hétérogène, véritable carrefour géographique, rassemblant des ethnies, des populations d’origines, de cultures, de langues, de religions et d’opinions différentes, un peuple pourtant à l’unicité incontestable et qui se lèvera comme un seul homme avec gravité et détermination au début du mois d’août 1914 pour préserver sa terre et son être. Comme l’a montré le centenaire de la guerre de 14-18, où est apparu à nouveau tellement présent, le souvenir d’un moment d’unité et la fierté du devoir accompli, accompagnés du chagrin. Celui de la perte des hommes, mais peut-être aussi celui d’une France que l’on craint pour toujours disparue. En tout cas, force est de constater que ce résultat fut acquis après un siècle de régimes politiques chaotiques...

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