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Super Ligue : la sécession des élites du football (partie 1)

OPINION. Le projet abandonné de Super Ligue a ébranlé le monde du football professionnel. Pour notre contributeur, cette affaire révèle une crise beaucoup plus profonde de ce système financiarisé, dans lequel les gros sont prêts à tout pour préserver leur monopole. Dans cette première partie, il revient sur l’origine de ce projet.

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C’est un véritable séisme qui a secoué l’ensemble de la planète football. Le dimanche 18 avril, douze des clubs les plus riches et les plus suivis du Vieux Continent ont décidé de quitter l’UEFA pour fonder leur propre ligue privée supranationale. Les séparatistes comptent 3 espagnols (le Real Madrid, le Barça et l’Atletico Madrid), 3 italiens (la Juventus, l’Inter et le Milan AC), et 6 anglais (Arsenal, Manchester City, Manchester United, Chelsea, Liverpool et Tottenham). La sortie de ces clubs de l’UEFA implique leur départ de sa compétition phare, la Ligue des Champions (ou C1), véritable institution et trophée des plus prestigieux. Bien que le projet se soit finalement rapidement soldé par un échec cuisant, il est intéressant de voir qu’il n’est en réalité que l’aboutissement d’une dynamique entamée depuis plus de 30 ans : celle de la dérégulation du football au nom des sacrosaintes règles du marché.

Aux origines de la fronde

Le projet de Super Ligue est un vieux serpent de mer, mais il n’était, pour l’heure, brandi que sous la forme de menace par les clubs concernés. Il s’agissait même du principal levier de négociations face aux instances européennes du football, notamment concernant la redistribution des recettes et l’organisation des compétitions.

L’UEFA a mis en place un système de répartition entre les clubs et les fédérations européennes de football, lesquelles ont perçu environ 405 millions d’euros pour l’année 2019/2020. Chaque club participant à la compétition a droit de recevoir une somme de plusieurs millions, dont le montant augmente en fonction de ses résultats. La ligue n’étant pas fermée, la participation d’un club à la compétition est conditionnée par le niveau moyen de son championnat sur les cinq dernières saisons européennes (coefficient UEFA), de son classement dans ce championnat, puis, pour les championnats les plus modestes, d’un passage par...

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