Pour sortir du marasme intellectuel qui m’assaille chaque jour, face au spectacle d’un monde en folie, j’ai choisi d’en revenir à des considérations générales, plus philosophiques et discutables. Depuis le temps où j’entends parler de tolérance, de mépris et de respect, je me suis penché sur le lien ténu qui unit ces termes, avec la variation d’interprétations exploitables par des opinions contradictoires.

Partant de la définition précise de chaque terme, j’ai vite compris la difficulté d’une synthèse conclusive de la réflexion. Trop de subjectivité intervient à tout moment pour être péremptoire. Il semble préférable de partir de chaque mot avant de tenter de les confronter.

Lorsque j’entends parler de tolérance, la distinction entre admettre chez autrui une manière de penser ou d’agir différente de celle qu’on adopte soi-même, qui implique la liberté de pratique religieuse, le respect de la laïcité, la différenciation sexuelle, ou les divergences politiques, le champ d’application de la définition est tellement vaste qu’il dépend de l’indulgence et de la compréhension de chacun.

Or, à quoi assistons-nous, dans les débats œcuméniques entre les religions et les partis politiques des sociétés mondiales ? Au spectacle grandiose, longuement élaboré par les spécialistes de la communication, de dignitaires haut placés se considérant avec froideur, manifestement soucieux de défendre leur pré carré, aussi bien dans le domaine économique que culturel, politique ou religieux, centré uniquement sur la puissance de chacun de défendre ses intérêts matériels, et son aire d’influence. « Oui, chers amis, nous sommes certes différents, nous nous réunissons pour la conciliation, tout en sachant qu’elle est impossible en raison de nos dogmatismes irréductibles ! » S’en suivent de longs discours sirupeux, des embrassades, des gestes emplis de faux-semblants, avant de se quitter pour rejoindre nos certitudes respectives. Est-ce là la tolérance ? À quoi servent ces mascarades destinées à endormir les peuples par de...