Une triste campagne électorale… À moins que ?
OPINION. En bon profiteur de crise, le bloc centriste étouffe le débat démocratique sur les sujets essentiels pour l’avenir du pays. Une stratégie à double tranchant.
La « lettre aux français » d’Emmanuel Macron, publiée par la presse régionale le 4 mars dernier, sonne le top départ de la campagne présidentielle ; en fait, une fin de partie pour l’expression politique macronienne qui se résumera à quelques mots échangés — à distance — avec ses opposants ; nous verrons s’accumuler les hypocrisies de circonstances, les effets de manche guerriers, les petites phrases assassines et les déballages polémiques. Nul ne le sait, mais tout le monde le pense : la campagne sera courte, modeste et, osons le dire, assez minable, puisque sans débat de fond et si peu contradictoire avec Macron 1er.
Les parties en présence
Le programme de Macron 1er est assez simple : protéger les Français d’un conflit généralisé en Europe et faire en mieux ce qu’il n’a pas su faire avant. Comme le laissait entendre Jean-Pierre Raffarin : après un stage de cinq années, la guerre vient de donner à Emmanuel Macron les ailes d’un phénix renaissant de ses cendres. Pour l’instant, les autres participants se contentent de replonger dans leur rôle habituel de figurants, comme ce fut le cas en 2017 : ils n’ont ni nomenklatura politique (l’État profond) pour relayer leurs idées, ni l’appui des médias bien trop occupés à commenter une guerre russo-ukrainienne, qui occupe — bien opportunément pour le candidat-président — tout l’espace audiovisuel. On a bien compris que les plus gros crocodiles politiques du moment — Marine Le Pen, Éric Zemmour, Valérie Pécresse et Jean-Luc Mélenchon — tourneront tristement en boucle dans un marigot politique au fond boueux et sans profondeur. Déjà depuis quelques jours, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Fabien Roussel et consorts ne ponctuent même plus les infos du soir.
Comme en Côte d’Ivoire, sur les rives du lac sacré de Yamoussoukro, nous verrons bientôt les médias et Macron 1er jeter à ces oppositions...